C’est une déclaration qui fera date. Dans un rare moment de franchise, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a reconnu, lors de sa rencontre avec des « journalistes » de médias inféodées au pouvoir, que l’Algérie avait englouti, pendant des décennies, des sommes colossales « dignes de Crésus » au service de la cause du Front Polisario. Une confession sans précédent, lourde de conséquences, tant elle révèle l’échec d’une stratégie diplomatique entêtée et ruineuse.
Sans détours, le chef de l’État a admis : « Nous avons gaspillé des fortunes, des milliards de dollars en faveur des séparatistes du Polisario. » Cette phrase, à elle seule, résume l’impasse dans laquelle s’est enfermée l’Algérie, aveuglée par une idéologie régionaliste héritée de la guerre froide, à rebours des réalités géopolitiques contemporaines.
Tebboune semble ainsi reconnaître à demi-mot l’inutilité de cette politique obstinée, devenue au fil des ans un gouffre financier pour un pays confronté à d’immenses défis sociaux, économiques et sanitaires. Mais cette reconnaissance tardive ne suffit plus à calmer la colère qui gronde dans les rues et sur les réseaux.
Une jeunesse révoltée exige des comptes Sur les réseaux sociaux, la déclaration du président a provoqué une onde de choc. Une vidéo virale d’une jeune Algérienne est venue cristalliser la frustration collective. Avec une lucidité brutale, elle s’adresse directement aux autorités :
« Pour la première fois, un président reconnaît que des milliards ont été engloutis dans cette cause qui ne nous concerne en aucun cas, et qui nous ruine financièrement. »
Elle poursuit, d’une voix mêlant exaspération et gravité :
« Cet argent aurait dû être investi dans des infrastructures à Tindouf, dans des hôpitaux à In Amenas, ou dans des cliniques mobiles pour les régions reculées du Sud. Ce sont là les urgences. Ce sont là les véritables priorités. »
Pour cette génération désabusée, il devient de plus en plus incompréhensible que l’État continue d’arroser une cause étrangère de fonds publics pendant que les besoins fondamentaux des citoyens algériens sont relégués aux oubliettes.
Une politique devenue fardeau La jeune femme ne s’arrête pas là. Avec une ironie acérée, elle tourne en dérision la posture diplomatique de l’Algérie vis-à-vis du Polisario :
« Tu te sers de ce dossier comme d’un levier d’existence politique. Si tu veux les soutenir, soutiens-les verbalement. Mais devenir leur sugar daddy ? Les armes, les médecins, la nourriture, l’armée de l’air qui fait des allers-retours… c’est trop ! »
En qualifiant ainsi le régime algérien de mécène exsangue, elle met le doigt sur un malaise profond : celui d’une politique étrangère déconnectée du réel, coûteuse et inefficace, qui nourrit davantage l’isolement diplomatique de l’Algérie que son rayonnement international.
Dans un dernier souffle de révolte, elle assène :
« Lave-toi les mains de ces affaires qui ne sont que source de maux et de tourments. La priorité doit aller au peuple algérien ! »
Un tournant ou un aveu sans suite ? La sortie du président Tebboune, aussi inattendue soit-elle, soulève une question essentielle : s’agit-il d’un tournant stratégique ou d’un simple aveu rhétorique, destiné à calmer une opinion publique de plus en plus critique ? Pour de nombreux observateurs, cette déclaration ne suffira pas à effacer des décennies de gestion opaque et de soutien inconditionnel à une cause dont l’Algérie paye seule le prix.
Car si le président reconnaît avoir « gaspillé des fortunes », aucun mécanisme d’évaluation, de transparence ou de redirection des ressources vers les besoins nationaux n’a été annoncé. Le mot est lâché, mais l’acte politique se fait attendre.
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