À la suite de la condamnation du sénateur Abdelkader Djedei, le Conseil directeur de l’Union interparlementaire (UIP) a adopté, le jeudi 23 octobre 2025 à Genève, une résolution dénonçant sévèrement la situation du parlementaire algérien.

Par Hichem El-Khoussafi

Adoptée à l’unanimité lors de la 151ᵉ session, la décision fait suite à une plainte déposée par l’ONG SHOAA for Human Rights et conduit à l’inscription de l’Algérie sur la “liste jaune”, un registre qui répertorie les parlementaires victimes de persécutions politiques ou de poursuites judiciaires abusives.

Selon la résolution, les propos tenus par Abdelkader Djedei relevaient « clairement de la critique politique légitime » des politiques publiques.
L’UIP considère que sa condamnation constitue “une atteinte manifeste à la liberté d’expression et aux garanties constitutionnelles dont jouissent les parlementaires.”

L’organisation souligne que cette inscription représente une première historique pour l’Algérie et traduit “une profonde inquiétude quant au respect du mandat législatif dans le pays.”

Des inquiétudes persistantes du Comité des droits de l’homme des parlementaires

Le Comité spécialisé de l’UIP s’est dit “profondément préoccupé par une décision disproportionnée” visant le sénateur.
Il appelle les autorités algériennes à abandonner toutes les poursuites et à garantir sans restriction la liberté d’expression aux membres du Conseil de la nation.

« Punir un élu pour avoir critiqué l’action gouvernementale est incompatible avec le rôle parlementaire tel que défini par les standards internationaux. »
Un membre du Comité des droits de l’homme des parlementaires de l’UIP, cité dans le rapport.

Silence officiel à Alger

Malgré les sollicitations de plusieurs médias internationaux, aucune autorité algérienne n’a réagi publiquement à la résolution adoptée à Genève.
Le Sénat et le gouvernement n’avaient publié aucun communiqué sur le sujet au moment de la mise sous presse.

Encadré — Qui est Abdelkader Djedei ?

  • Âge : 53 ans

  • Fonction : Sénateur élu au Conseil de la nation pour la wilaya de Ouargla

  • Parcours : Ancien militant de terrain dans le Sud algérien, engagé sur les questions de gouvernance locale et d’investissements publics

Ce qu’on lui reproche :
Lors d’une intervention parlementaire relayée sur les réseaux sociaux, il a publiquement dénoncé la gestion “clientéliste” des projets publics dans sa région et interpellé le gouvernement sur des “pratiques de prédation budgétaire”.
Il a ensuite été poursuivi et condamné pour “offense aux institutions” et “atteinte au moral des corps constitués”.

Position de la défense :
Ses avocats affirment que toutes ses déclarations relevaient strictement de l’exercice de son mandat et du contrôle parlementaire.

Frise chronologique — La procédure devant l’UIP

Date Événement
Avril 2025 SHOAA for Human Rights saisit officiellement l’UIP
Juin 2025 Ouverture de l’examen du dossier par le Comité des droits de l’homme des parlementaires
Septembre 2025 Première audition de la délégation algérienne
23 octobre 2025 Résolution adoptée à l’unanimité lors de la 151ᵉ session à Genève
24 octobre 2025 Inscription officielle de l’Algérie sur la “liste jaune”

Un signal fort à la communauté internationale

Cette résolution place désormais Alger sous surveillance accrue de la communauté parlementaire mondiale, à un moment où l’espace de liberté politique se rétrécit dans le pays.

Elle pose une question essentielle :
un élu algérien peut-il encore critiquer l’exécutif sans craindre des poursuites judiciaires ?