La diplomatie algérienne a connu des développements controversés ces derniers mois, après le vote de l’Algérie en faveur de la résolution n°2803 au Conseil de sécurité des Nations Unies, soutenant le plan du président américain Donald Trump pour la bande de Gaza. Cette résolution prévoit le désarmement des factions de résistance palestiniennes, le déploiement de forces internationales dans la région, tout en maintenant l’armée israélienne dans de larges parties du territoire et en liant la reconstruction de Gaza au respect du droit d’Israël à exister.

Le vote de l’Algérie a suscité de nombreuses interrogations quant à la contradiction entre sa position historique de soutien aux Palestiniens et son alignement actuel avec Washington, surtout après une période prolongée de recul diplomatique dans des dossiers sensibles, tels que le Sahara marocain et le Sahel. Cette décision révèle un écart clair entre le discours officiel, qui proclame « avec la Palestine, qu’elle soit opprimée ou non », et les pratiques concrètes des autorités algériennes.

L’impact du Sahara sur la politique extérieure algérienne

Il apparaît que le lien entre la position de l’Algérie au Conseil de sécurité et le dossier du Sahara marocain reflète la domination de l’armée sur la politique étrangère, notamment le rôle du chef d’état-major Saïd Chengriha, qui considère le Sahara comme une question de souveraineté vitale pour l’Algérie. Cette orientation militaire empêche l’Algérie de prendre des décisions pleinement indépendantes sur les questions régionales et internationales, rendant ses relations avec d’autres pays dépendantes de sa position sur le Sahara, ce qui nuit à sa crédibilité diplomatique.

Ces dernières années, l’Algérie a pris des décisions controversées, telles que le retrait de certaines réunions internationales, la rupture temporaire des relations avec le Maroc et l’Espagne, puis avec la France, malgré la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Ces mouvements confirment que la politique étrangère algérienne est plus influencée par la perspective militaire que par la diplomatie, créant un déséquilibre notable.

Pressions internationales et internes sur l’Algérie

Le vote en faveur de la résolution américaine à Gaza n’a pas été sans critiques internes et externes. Des figures politiques algériennes, telles qu’Abderrazak Makri et Noureddine Boukrouh, ont dénoncé cette décision comme un indicateur de la perte de direction de l’Algérie en politique étrangère, soulignant que le lien entre ses positions sur la Palestine et le Sahara marocain la place en isolement vis-à-vis de ses voisins et sur la scène internationale.

Pour sa part, l’Algérie a tenté de justifier sa position officielle en soulignant son soutien à toutes les parties impliquées dans le plan américain et la protection des civils palestiniens, tout en évitant de confronter directement l’administration Trump. Cela fait suite à sa décision de ne pas participer au vote sur la résolution du Sahara, démontrant ainsi sa prudence pour maintenir ses relations avec les États-Unis malgré les critiques.

Crise diplomatique continue et perte d’influence régionale

L’impact de ces décisions s’est étendu au continent africain, où l’Algérie a progressivement perdu sa position diplomatique acquise depuis l’époque du soutien aux mouvements de libération dans les années 1960, tandis que l’influence du Maroc a augmenté au Sahara et en Afrique de l’Ouest. Plusieurs pays africains, tels que le Niger, le Mali et le Sénégal, se sont montrés moins enclins à coopérer avec l’Algérie sur des projets stratégiques, alors que les villes d’El Aaiun et d’Dakhla accueillent de nombreuses consulats étrangers, témoignant de la montée en puissance du Maroc.

Cette crise révèle que l’Algérie n’est plus capable de maintenir un discours cohérent sur les questions internationales sensibles, comme la Palestine et le Sahara marocain, dans un contexte de conflit entre orientation militaire et orientation politique, accentué par le renouvellement fréquent du ministère des Affaires étrangères ces dernières années, ce qui a renforcé l’instabilité de sa politique extérieure.

Le vote de l’Algérie en faveur de la résolution américaine sur Gaza illustre une crise plus profonde dans sa politique étrangère, combinant perte de direction diplomatique, domination militaire et influence des dossiers régionaux sensibles sur ses positions internationales. Dans ce contexte, l’Algérie fait face à de grands défis pour préserver son rôle régional et international, ainsi que sa crédibilité sur les questions arabes traditionnelles, notamment la cause palestinienne et le Sahara marocain.