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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune est apparu vendredi soir 18 juillet 2025 lors de son rendez-vous médiatique régulier avec la presse nationale, un exercice devenu rituel sous son second mandat, où il aborde longuement les enjeux internes et internationaux du pays. Cependant, son allocution a révélé des contradictions notables entre slogans officiels et réalités concrètes, entre narration historique et diplomatie, notamment sur l’histoire de l’État, ses relations régionales, ainsi que la situation économique et médiatique.

Pour la première fois, Tebboune a implicitement reconnu que l’existence effective de l’État algérien commence en 1962, année de l’indépendance, marquant un recul par rapport au discours officiel qui évoque une histoire millénaire utilisée dans le cadre de rivalités symboliques, notamment avec le Maroc. Cette reconnaissance témoigne d’une réévaluation historique et d’une réflexion sur l’identité nationale.

Sur le plan diplomatique, Tebboune a réaffirmé l’attachement à la politique de non-alignement et au non-interventionnisme, particulièrement dans la région du Sahel. Pourtant, les déclarations du ministre d’État malien Abdoulaye Maïga, accusant l’Algérie d’abriter des groupes terroristes et de soutenir des forces déstabilisatrices, contredisent cette posture, exposant une double lecture qui place Tebboune face à un paradoxe diplomatique majeur.

Concernant les relations avec les États-Unis, Tebboune a vanté l’indépendance de la politique algérienne, alors même que Washington confirme officiellement son soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une position inébranlable tant sous l’administration Biden que le Congrès américain. Cette contradiction illustre la volonté du régime algérien de se présenter comme un acteur neutre dans un conflit où il est pourtant un partenaire actif, notamment par son soutien au Front Polisario.

Sur le plan économique, Tebboune a avancé des chiffres ambitieux sur la production agricole, évoquant un chiffre d’affaires de 38 milliards de dollars en 2025, comparable aux revenus pétroliers du pays. Toutefois, cette donnée manque de transparence et de crédibilité, surtout dans un contexte marqué par une grave pénurie d’eau et des coupures fréquentes d’approvisionnement, laissant penser qu’il s’agit davantage d’un discours promotionnel que d’indicateurs économiques tangibles.

Enfin, sur les questions de médias et de démocratie, Tebboune a insisté sur la nécessité d’une presse véritable, la création de syndicats indépendants et le renforcement de ce qu’il appelle une « charte éthique » pour la profession, tout en se déclarant défenseur des libertés. Cependant, cette rhétorique se heurte à la réalité algérienne où la liberté de la presse reste sévèrement restreinte, avec une répression marquée des médias indépendants, notamment la détention continue du journaliste français Christophe Gély et de l’écrivain Boualem Sansal pour des motifs obscurs, révélant l’écart entre les promesses de réforme et les pratiques réelles.

Au final, le discours de Tebboune reflète un pays en proie à des contradictions profondes, oscillant entre des récits officiels et une réalité tangible, dans un contexte où l’équilibre entre illusion et vérité reste fragile.