Dans un contexte marqué par les difficultés structurelles de l’économie algérienne, le président Abdelmadjid Tebboune a eu recours à un discours aux accents propagandistes, tentant ainsi de redorer l’image d’un système économique vacillant, miné par les crises internes et les doutes de la communauté internationale.
En effet, lorsqu’un investisseur étranger envisage d’injecter son capital dans un pays du tiers-monde, il accorde une attention particulière à l’environnement dans lequel il s’apprête à évoluer. Cet environnement ne se limite pas aux indicateurs économiques bruts, mais englobe également la situation des droits de l’homme, la liberté d’expression, l’indépendance de la justice, la stabilité sociale et sécuritaire, ainsi que les classements internationaux.
Au regard de ces critères, les autorités algériennes sont bien conscientes — même implicitement — qu’elles peinent à offrir un cadre attractif. L’Union européenne classe d’ailleurs l’Algérie parmi les zones à haut risque, ce qui en fait une destination peu engageante, voire dissuasive, pour les grands investisseurs.
C’est dans ce contexte que le président Tebboune est intervenu vendredi soir lors d’un entretien télévisé, avançant des chiffres économiques que beaucoup ont qualifiés de pure propagande. Il a notamment affirmé que les réserves de change de l’Algérie dépassent les 70 milliards de dollars, alors que plusieurs rapports financiers internationaux estiment ce montant à environ 40 milliards de dollars, suscitant inquiétude et interrogations dans les milieux politiques et sociaux.
Plutôt que de répondre avec transparence, Tebboune a préféré l’attaque, accusant ceux qui relaient ces rapports d’être des « agents payés pour nuire au citoyen », dans un ton accusateur qui a choqué de nombreux observateurs.
Il a ensuite tenté de rassurer l’opinion publique en déclarant : « L’économie algérienne affiche une croissance de 4 %, la plus élevée de la région méditerranéenne. Nous n’avons pas eu recours à la planche à billets, le taux d’inflation a été réduit à 4 %, et nous poursuivrons sa baisse sans endettement. Il n’y a aucun risque sur l’économie nationale, pas de politique d’austérité en vue, et nous nous dirigeons vers une économie non dépendante des hydrocarbures. »
Interrogé sur l’écart entre les données économiques diffusées par les autorités algériennes et celles des institutions financières internationales, Tebboune a critiqué le Fonds monétaire international (FMI), l’accusant de se baser sur des « critères purement libéraux », tout en soulignant que l’Algérie, en tant qu’État à caractère social, adopte d’autres indicateurs plus « adaptés » à sa réalité.
Cependant, de nombreux analystes estiment que cette justification ne résiste pas à l’examen des faits. Les organismes internationaux ne se limitent pas à des approches néolibérales, mais s’appuient également sur des critères objectifs liés à l’environnement des affaires, à la gouvernance et à la transparence des institutions.
En fin de compte, tout laisse penser que le régime algérien cherche à dissimuler la fragilité de son économie derrière des discours rassurants, alors que la véritable sortie de crise exigerait bien plus que de simples déclarations publiques.
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