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Dans un tournant notable de sa politique habituelle, Moscou semble délaisser sa neutralité historique concernant le dossier du Sahara pour se rapprocher cette fois-ci de la position marocaine, qui prône une solution politique réaliste à travers la proposition d’autonomie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a en effet annoncé la disposition de son pays à étudier et à soutenir cette initiative, à condition qu’elle soit menée sous l’égide des Nations unies et acceptée par toutes les parties concernées.

Un changement de ton à Moscou

Ces déclarations ont été faites lors d’une rencontre avec des médias arabes à Moscou, où Lavrov a qualifié l’initiative marocaine de « forme de l’autodétermination reconnue par les Nations unies ». Ce propos marque un changement significatif dans le discours diplomatique russe. Après des années de prudence et d’équilibre entre Rabat et Alger, la Russie semble désormais adopter un ton plus ouvert envers l’approche marocaine, traduisant une prise de conscience des nouvelles dynamiques régionales et internationales autour du dossier.

De la neutralité à un réalisme assumé

Pendant longtemps, Moscou s’est limitée à un « neutralisme positif », se contentant de « prendre note » de la proposition marocaine sans exprimer de soutien explicite. Ce positionnement s’expliquait par ses relations militaires et stratégiques étroites avec l’Algérie, principal soutien du Front Polisario. Cependant, ce revirement intervient à un moment clé, à quelques jours de la séance du Conseil de sécurité prévue le 30 octobre pour voter la nouvelle résolution sur le Sahara.

Lavrov a souligné que la Russie « soutient le principe de l’autodétermination à travers le dialogue, et non par des démarches unilatérales ». Il a ajouté que la dynamique politique autour de la question a connu une évolution tangible ces dernières années, notamment après la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara fin 2020.

Une lecture géopolitique du nouveau positionnement

Les analystes s’accordent à dire que ce changement russe dépasse la simple déclaration diplomatique. Il s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large où Moscou cherche à renforcer sa présence diplomatique et économique en Afrique, en particulier en Afrique du Nord. Consciente du rôle croissant du Maroc sur le continent et du soutien international accru à son initiative d’autonomie, la Russie semble opter pour un réalisme stratégique plutôt que pour une fidélité automatique à Alger.

Ce repositionnement traduit également la volonté du Kremlin de redéfinir sa place dans une région marquée par le recul de l’influence française et l’extension du rôle américain.

L’Algérie face à une équation délicate

Ce tournant russe soulève une question essentielle : l’Algérie continuera-t-elle à s’accrocher à l’option du référendum, aujourd’hui largement dépassée ? Ou sera-t-elle contrainte de réévaluer sa stratégie face à un environnement international de moins en moins favorable à la thèse séparatiste ?

Quoi qu’il en soit, la nouvelle position de Moscou ne saurait être perçue comme un simple épisode diplomatique. Elle pourrait marquer le début d’un réalignement des grandes puissances sur la question du Sahara, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle phase dans le processus de règlement de ce conflit vieux de plusieurs décennies.