Après dix jours d’une grève de la faim qui mettait en péril sa santé et sa survie, face au mutisme glacial d’un régime sourd à la souffrance humaine, Mohamed Tadjadit a pris la décision d’y mettre un terme. Un choix qui n’est ni renoncement ni capitulation, mais une affirmation profonde d’un principe essentiel : il a choisi la vie، la vie en lutte.

Ce jeune poète, devenu l’une des voix du Hirak, n’a connu depuis décembre 2019، depuis l’installation de Tebboune à la présidence، que les arrestations abusives, les détentions arbitraires et la prison. Pourtant, son combat demeure droit, et sa conscience, éveillée. Il fait partie de cette génération qui n’a jamais baissé la tête devant le bâton.

Son avocate, Me Fetta Sadat, témoigne de sa rencontre avec lui :

« Bien affaibli par 10 jours de grève de la faim, durement éprouvé mais toujours debout, il a finalement accepté, sous l’insistance des médecins de la prison, de sa défense et de sa famille, de suspendre son combat silencieux entamé le 16/11/2025. »

Elle poursuit :

« Son corps porte les stigmates de l’injustice (il a perdu pas moins de 10 kg) mais sa détermination demeure intacte. Je lui ai transmis l’ampleur du soutien et des messages de solidarité qui lui sont parvenus, notamment sur les réseaux sociaux. Profondément touché, il remercie chacun pour cet élan qui, malgré les murs, lui a donné force et espoir. »

Mohamed Tadjadit est condamné à cinq ans de prison pour ses idées, pour son verbe libre, pour ses poèmes qui dérangent le pouvoir. Ce n’est pas la justice qui l’a condamné، c’est la peur.

Il n’est pas seul dans cette épreuve. Un autre détenu d’opinion, l’ancien président de la JS Kabylie, Cherif Mellal, poursuit sa grève de la faim. Il en est à son neuvième jour. Ce n’est pas la première fois. Son endurance est celle des hommes qui savent qu’ils n’ont rien à se reprocher. Selon ses avocats, son dossier est vide. Vide comme le respect de la présomption d’innocence en Algérie. Vide comme les discours officiels sur les droits humains.

Dans les geôles algériennes, les corps s’affaiblissent, mais les consciences se renforcent. Le régime peut affamer, priver, isoler، il n’éteint rien.

Pour l’instant, Mohamed Tadjadit a suspendu sa grève. Mais son combat، lui، ne s’interrompt pas.

Car ce n’est pas en mourant que l’on vaincra la tyrannie, mais en lui survivant. Et en la nommant.

Ceux qui écrivent, ceux qui parlent, ceux qui chantent، sont plus dangereux pour les despotes que ceux qui brandissent des armes.