Par : Abderrahmane Fares

L’université de Tlemcen a accueilli le 31 octobre 2025 un « Forum national de la jeunesse », organisé dans le cadre de l’initiative gouvernementale Haya Shabab et “supervisé” par le ministre de la Jeunesse Mustapha Hidaoui, selon la télévision étatique ENTV. Officiellement, l’événement vise à promouvoir l’engagement civique et la participation politique des étudiants. En pratique, tout indique une mise en scène où l’innocence des jeunes était exploitée pour servir de décor à une propagande présentée comme participation nationale.

L’instrumentalisation de jeunes naïfs, inconscients de leur propre exploitation, et du rôle qu’on leur fait jouer, est l’un des mécanismes de propagande du tandem Chengriha-Tebboune. Sous couvert d’initiatives citoyennes ou de programmes de participation, l’État mobilise étudiants et lycéens pour occuper la scène publique, projeter une image de vitalité politique et masquer le vide institutionnel. Ces jeunes, souvent sans expérience militante et dépendants des structures universitaires ou locales, sont convoqués, encadrés et exhibés comme symbole d’un consensus national qui n’existe pas.

Le dispositif repose sur une mise en scène rigoureusement planifiée : uniformes, écharpes distribuées à l’entrée, rangées parfaitement alignées, encadrement visible du personnel universitaire, et présence insistante des caméras de la télévision publique qui transforment l’assistance en décor docile. Aucun élan collectif ne se dégageait. Les expressions restaient figées, les regards baissés ou fixés sur la tribune, dans une atmosphère de contrainte et d’obligation plus que de conviction.

Les participants pensaient prendre part à une rencontre patriotique ou à une consultation civique ; ils découvraient en réalité qu’ils n’étaient là que pour occuper l’espace et valider un discours préécrit. La naïveté devient alors une ressource politique exploitée par le pouvoir : elle permet de fabriquer une illusion de mobilisation sans débat, sans contradiction, sans risque.

Cette méthode produit un double effet. Elle absorbe la jeunesse la plus malléable par la flatterie nationaliste mêlée d’intimidation implicite, et elle décourage la jeunesse libre en lui montrant que toute parole autonome est immédiatement neutralisée. L’enthousiasme sincère est capté, retourné, puis vidé de sens.

Le régime algérien ne redoute pas l’indifférence de ses jeunes : il redoute leur éveil.