Les prisons espagnoles ont enregistré cette année une augmentation exceptionnelle du nombre de détenus étrangers, avec 20 524 personnes nées hors d’Espagne, selon les données de la Secrétariat général des institutions pénitentiaires du ministère espagnol de l’Intérieur au 31 août.
Ce chiffre représente une hausse de 10,7 % par rapport à l’année précédente, le taux de croissance le plus élevé depuis 2013, ce qui signifie qu’un détenu sur trois, soit environ 33,2 %, est étranger, alors que le nombre total de prisonniers s’élève à 61 858 personnes.
Cette augmentation du nombre de détenus étrangers a commencé il y a cinq ans, le nombre passant de 15 918 en 2020 à plus de 20 500 aujourd’hui, soit une hausse de 26 %, tandis que le nombre total de détenus espagnols n’a augmenté que de 6 %.
La situation varie selon les communautés autonomes. En Catalogne, où les étrangers représentent 19 % de la population, plus de la moitié des prisonniers sont étrangers. À Madrid, cette proportion atteint 46,9 %, et dans les îles Baléares ainsi qu’en Castille et León, elle s’élève à quatre détenus étrangers sur dix.
Les chiffres montrent également de fortes disparités selon les continents. Les personnes nées en Afrique représentent 45,1 % des détenus étrangers, alors qu’elles ne constituent que 19,7 % des résidents étrangers en Espagne. Pour les populations des Amériques, les proportions sont proches : elles représentent 34,9 % des résidents et 30,1 % des détenus étrangers. Les Européens constituent environ 40 % des résidents mais seulement 21,7 % des détenus, tandis que les Asiatiques représentent 8 % des résidents et seulement 2,6 % des prisonniers.
En se concentrant sur les nationalités, les Marocains sont en tête avec 6 188 détenus étrangers, suivis des Colombiens (2 092), des Algériens (1 538), des Roumains (1 332), des Dominicains (631), des Équatoriens (604), des Péruviens (543), des Albanais (507), des Sénégalais (456) et des Brésiliens (369).
Les Marocains représentent 30,3 % du total des détenus étrangers, alors qu’ils ne constituent que 10 % de la population étrangère en Espagne, soit une proportion dans les prisons cinq fois supérieure à leur part dans la société. Leur nombre a augmenté de 13,1 % par rapport à l’année précédente, passant de 5 417 à 6 188 détenus. Les Colombiens représentent 10,2 %, les Algériens 7,5 %, les Roumains 6,5 % et les Dominicains 3,1 %.
Le rapport souligne également que des pays comme l’Italie, le Royaume-Uni, le Venezuela, la Chine, l’Ukraine et le Honduras comptent parmi les populations étrangères les plus nombreuses en Espagne, mais n’apparaissent pas parmi les nationalités les plus représentées en prison, indiquant un taux de condamnation relativement faible. En revanche, les communautés marocaines, colombiennes et roumaines maintiennent un niveau élevé de représentation dans les prisons, tandis que l’Algérie et la République dominicaine ne font pas partie des vingt premières communautés, reflétant une surreprésentation de ces nationalités dans le système pénitentiaire par rapport à leur poids démographique réel.



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