Les villes algériennes et tunisiennes connaissent une montée sans précédent de la violence et de la criminalité organisée, dans un phénomène qui devient un indicateur inquiétant de la fragilisation du tissu social et de l’érosion des institutions de contrôle et de répression dans les deux pays.
Des quartiers populaires surpeuplés de la capitale algérienne aux banlieues de Tunis, les gangs imposent désormais leurs propres lois, utilisant épées et couteaux, dans un scénario qui rappelle les images du chaos et de l’absence de l’État.
Un rapport récent du réseau Euronews met en lumière cette transformation alarmante, soulignant que les gangs urbains ne se limitent plus aux vols ou aux débordements, mais sont devenus des entités organisées exerçant une violence ouverte et étendant leur influence sur des zones entières, profitant de la fragilité de l’État et de l’aggravation des crises économiques et sociales.
Algérie : des épées dans les rues du XXIᵉ siècle
En Algérie, les épées ont refait leur apparition dans les rues des grandes villes. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux documentent des scènes de violence terrifiantes allant bien au-delà du vol, jusqu’à la torture et les sévices, comme dans l’affaire Bou Ismaïl qui a choqué l’opinion publique, suivie d’incidents similaires dans des villes telles que Chlef et Laghouat.
Le réseau indique également que les autorités ont récemment saisi plus de 55 kilogrammes de cocaïne pure, lors d’une opération révélant l’ampleur de l’infiltration de la criminalité organisée et ses liens avec des réseaux transfrontaliers de trafic de drogue.
Le rapport attribue l’aggravation du phénomène à l’interaction entre pauvreté et désespoir et à la propagation de la drogue, faisant des quartiers défavorisés un terrain fertile pour la formation de gangs, dans un contexte d’opportunités d’emploi limitées et de déclin du rôle des institutions sociales et éducatives, malgré l’immense richesse pétrolière et gazière de l’Algérie.
Tunisie : la violence frappe aux portes des foyers
En Tunisie, la violence n’est plus cantonnée aux rues, elle s’est infiltrée dans les foyers et les communautés locales. Les statistiques non officielles indiquent une hausse notable des meurtres volontaires en 2025 par rapport à l’année précédente, tandis que certains quartiers populaires sont devenus des foyers de criminalité organisée et de trafic de drogue.
Le rapport souligne que les rames de métro et les bus sont désormais le théâtre quotidien d’agressions et de vandalisme, dans un contexte de sentiment d’insécurité généralisé et d’affaiblissement de l’autorité de l’État.
Des observateurs estiment que la situation en Tunisie reflète une crise plus profonde de valeurs et de cohésion sociale, nourrie par le chômage, l’exclusion et le manque d’appartenance, rendant les jeunes vulnérables à l’intégration dans des cercles de violence à la recherche de reconnaissance ou d’un pouvoir perdu.
Une crise arabe plus large
Le phénomène ne se limite pas à l’Algérie et à la Tunisie : il s’étend à plusieurs villes arabes confrontées à des conditions similaires de pauvreté, de marginalisation et d’absence de perspectives. Les gangs sont devenus un miroir des échecs d’une génération entière, vivant entre le marteau de la répression et l’enclume du désespoir, dans des sociétés qui ont perdu leur équilibre entre autorité et impuissance, entre loi et vide de valeurs.
Le rapport d’Euronews conclut que ces gangs ne sont plus un simple phénomène criminel, mais une preuve de l’effondrement du système de valeurs sociales et du recul de la capacité de l’État à gérer les crises, faisant de ce phénomène un véritable signal d’alerte pour l’avenir proche du monde arabe.



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