L’arganier, ce trésor écologique unique au monde et présent uniquement au Maroc, lance aujourd’hui un cri d’alarme que seuls entendent ceux qui ne détiennent aucun pouvoir de décision. Pendant ce temps, les institutions censées protéger cet héritage agissent comme si la situation n’était qu’un détail secondaire dans leur programme annuel. La sécheresse ronge les racines année après année, le surpâturage détruit les jeunes plants qui tentent de survivre, et l’expansion urbaine transforme les terres de l’arganier en blocs de béton sans âme. Malgré ce constat alarmant, l’Agence de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier répète chaque année le même discours figé: activités saisonnières, colloques sans impact, expositions répétitives qui n’apportent rien de nouveau, comme si l’effondrement de la dernière grande forêt naturelle du sud marocain ne la concernait pas. La situation actuelle n’est pas seulement une crise écologique, mais également un échec de gouvernance évident: les forêts d’arganiers se dégradent, les sols s’érodent, les jeunes plants dépérissent, la biodiversité s’évanouit, tandis que l’agence persiste à observer de loin, sans élaborer le moindre programme national sérieux pour protéger cette richesse.

Tout le monde sait qu’il est impossible d’irriguer des millions d’hectares de forêts, mais ce qui reste incompréhensible est l’absence totale d’un programme simple et ciblé pour arroser les jeunes plants durant leurs premières années, l’absence de clôtures pour protéger la régénération naturelle, le manque de contrôle du surpâturage et l’absence d’une intervention claire de l’État et des autorités pour stopper l’expansion urbaine qui grignote chaque jour les espaces forestiers. Où est l’agence face à tout cela? Comment peut-elle accepter que cette forêt millénaire se transforme en ruine silencieuse? Le maintien de cette situation signifie que le Maroc s’approche dangereusement de la perte de l’un de ses symboles écologiques et patrimoniaux, tandis que l’institution chargée de protéger l’arganier se dérobe à sa responsabilité historique en laissant le temps détruire cette richesse exceptionnelle.

Ce dont l’arganier a besoin aujourd’hui, ce ne sont pas des slogans, ni des formations superficielles, ni des festivals de façade, mais un plan urgent, courageux et opérationnel, capable d’arrêter immédiatement l’hémorragie en protégeant la régénération naturelle, en encadrant strictement le surpâturage, en lançant une irrigation ciblée et maîtrisée, en intensifiant les campagnes de reboisement et en stoppant sans délai l’expansion urbaine anarchique. L’arganier n’est plus une simple espèce menacée, mais un symbole en train de subir une exécution lente. Et si l’agence ne réagit pas maintenant et avec détermination, l’histoire ne pardonnera pas. Elle retiendra qu’un arbre millénaire a disparu parce que ceux qui avaient la mission de le protéger se sont contentés de poser devant les caméras et de participer à des événements annuels, au lieu de mener un véritable combat pour son sauvetage.

Source:  le journal Al Alam Amazigh