Dans trois mois, Addis-Abeba accueillera le 38ᵉ sommet de l’Union africaine, le premier depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2797.
Ce texte reconnaît, pour la première fois, la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie sous souveraineté du Royaume comme base de négociation pour parvenir à une solution politique définitive au différend du Sahara. Une avancée qui ouvre la voie à la remise en question de la “présence” du Front Polisario au sein de l’Union africaine.
Le Maroc abordera le sommet de février avec un atout diplomatique majeur : la résolution onusienne du 31 octobre 2025, qui rappelle que l’ONU ne reconnaît pas la prétendue “République sahraouie” et souligne que la seule issue réaliste au conflit réside dans l’intégration du Sahara au sein de la souveraineté marocaine.
À l’approche de ce rendez-vous, les inquiétudes grandissent du côté de Pretoria et d’Alger. D’après un rapport de Deutsche Welle, l’Afrique du Sud mènerait la fronde contre toute tentative marocaine d’expulser le Polisario, en invoquant la complexité du règlement interne de l’Union, qui impose un consensus ou une majorité des deux tiers.
Toujours selon le rapport, un “veto implicite” serait exercé par Alger et Pretoria pour bloquer toute décision en ce sens. De son côté, Rabat chercherait à isoler le mouvement séparatiste, notamment en plaidant, de manière informelle, pour une redéfinition du statut de membre au sein de l’organisation — excluant les entités non reconnues par l’ONU d’une pleine adhésion.
Dix ans après son retour à l’Union africaine en 2016, le Maroc a consolidé ses positions par une diplomatie active et pragmatique, renforçant ses alliances dans des régions jadis peu acquises à ses thèses.
Sur les 54 États africains reconnus par l’ONU, seuls treize continuent à reconnaître la pseudo-“RASD”, parmi lesquels l’Angola, le Nigeria, la Namibie, la Tanzanie et l’Éthiopie, avec en tête de file l’Algérie et l’Afrique du Sud.
Cependant, Pretoria voit son influence s’éroder : trois pays de sa zone d’influence — la Zambie, le Malawi et l’Eswatini — ont déjà ouvert des consulats dans les provinces du Sud marocain. Par ailleurs, Rabat a marqué des points dans des pays anglophones comme le Kenya et le Ghana, tout en consolidant des partenariats économiques stratégiques avec des puissances telles que le Nigeria et l’Éthiopie.
Fait notable, le Maroc commence même à percer en Afrique du Sud. En juillet dernier, le parti d’opposition Spear of the Nation, dirigé par l’ancien président Jacob Zuma, a officiellement soutenu la marocanité du Sahara. Fin 2024, des membres du parti au pouvoir, le Congrès national africain, ont eux aussi soumis un mémorandum demandant une révision de la politique étrangère du pays à l’égard de Rabat.
Ainsi, le Royaume poursuit méthodiquement sa stratégie visant à neutraliser le Polisario au sein de l’Union africaine la dernière plateforme institutionnelle offrant au mouvement séparatiste une légitimité factice , tandis que le règlement du conflit du Sahara reste, juridiquement et politiquement, du ressort exclusif des Nations unies.



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