Dans une démarche humanitaire notable, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a adressé une demande officielle à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour envisager la grâce de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal, détenu depuis novembre 2024, en mettant l’accent sur sa santé dégradée et son âge avancé.
Le bureau du président allemand a précisé que l’initiative inclut la possibilité d’accueillir Sansal en Allemagne pour recevoir les soins médicaux nécessaires, soulignant que cette démarche reflète un esprit humanitaire et illustre les bonnes relations entre les deux pays ainsi que le lien personnel entre les présidents.
Agé de 80 ans et détenteur des nationalités algérienne et française, Sansal est également lauréat du Prix de la paix de l’Association allemande des éditeurs. Il a été condamné en juillet 2025 à cinq ans de prison et à une amende pour des accusations de « atteinte à l’unité nationale » et « actions menaçant la sécurité de l’État », à la suite de déclarations faites en octobre 2024 à une chaîne française concernant les frontières historiques de l’Afrique du Nord, affirmant que de larges parties de l’Ouest algérien appartenaient historiquement au Maroc et que le Sahara faisait partie du royaume marocain.
Ces propos ont suscité un vif débat en Algérie et à l’étranger, le gouvernement les considérant comme une atteinte à l’unité nationale et une remise en cause de la souveraineté de l’État, ce qui a conduit à un traitement judiciaire rapide et à l’arrestation de Sansal à son arrivée à l’aéroport de Houari Boumédiène, avant le jugement final.
Pendant sa détention, sa santé s’est détériorée en raison d’un cancer, nécessitant son transfert à l’hôpital, tandis que le parquet a tenté de renforcer la peine à dix ans.
Cette affaire intervient dans un contexte sensible où se mêlent considérations humanitaires, enjeux politiques et légaux, révélant les limites de la liberté d’expression sur des sujets liés à l’unité nationale et à l’histoire régionale.
Par ailleurs, l’Algérie fait face à des critiques internationales concernant la liberté de la presse. Le journaliste français Christophe Gleizes a été arrêté alors qu’il préparait un reportage sur le club de la Jeunesse de Kabylie et poursuivi pour « apologie du terrorisme » et « diffusion de publications menaçant les intérêts supérieurs de l’État », illustrant la vigilance des autorités à l’égard de toute activité médiatique perçue comme une menace à la sécurité nationale.
L’affaire Sansal reste sous observation internationale, mêlant considérations humanitaires, politiques et judiciaires, tandis que le président allemand continue de plaider pour une grâce qui pourrait constituer une précédente diplomatique, soulignant l’influence des initiatives humanitaires sur des dossiers politiques sensibles.



Comments
0No comments yet.