Les relations entre l’Algérie et la Russie connaissent, ces dernières années, un net recul après des décennies de rapprochement politique et militaire qualifié de “stratégique”. Cette alliance, née durant la guerre froide lorsque l’Algérie s’était rangée du côté de l’Union soviétique, semble aujourd’hui traverser une phase de repositionnement dictée par les bouleversements géopolitiques mondiaux.
De la candidature avortée à l’adhésion aux BRICS à la situation dans le Sahel, en passant par la guerre en Ukraine et le récent vote au Conseil de sécurité concernant la question du Sahara marocain, les signaux de refroidissement se multiplient.
Le choc des BRICS : le début d’une fissure
Le refus, en août 2023, d’intégrer l’Algérie aux BRICS, malgré le soutien présumé de la Russie, a marqué un tournant. Alger misait fortement sur Moscou pour défendre sa candidature, mais d’autres pays – comme les Émirats arabes unis, l’Argentine et l’Éthiopie – ont été préférés.
La déclaration du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, affirmant que l’adhésion dépend du “poids et de l’influence internationale” des pays, a été perçue à Alger comme une mise en cause directe de son importance. Le président Abdelmadjid Tebboune a alors clos définitivement le dossier, non sans amertume.
Wagner au Sahel : la collision des intérêts
L’expansion russe au Sahel, notamment à travers la présence du groupe Wagner au Mali et au Niger, constitue une autre source de tensions. Alger, qui considère cette présence comme une menace pour sa sécurité régionale, s’y oppose ouvertement.
Moscou, de son côté, évite la confrontation verbale mais manifeste une certaine froideur diplomatique, notamment dans ses positions internationales. Cette divergence s’est illustrée lors du vote russe au Conseil de sécurité sur le Sahara, perçu comme un désengagement à l’égard d’Alger.
Le gaz algérien en Europe : une rivalité économique
Au lendemain de la guerre en Ukraine, l’Algérie a augmenté ses exportations de gaz vers l’Europe, profitant du désengagement européen vis-à-vis de la Russie. Ce repositionnement énergétique, bien que légitime économiquement, a porté un coup direct aux intérêts russes.
En parallèle, la Russie a cherché de nouveaux marchés en Asie et en Afrique, notamment au Maroc et en Inde, accentuant ainsi la compétition énergétique entre Alger et Moscou.
Le Conseil de sécurité et la question du Sahara : une abstention révélatrice
L’abstention de la Russie lors du vote du Conseil de sécurité sur la résolution 2797 concernant le Sahara marocain a confirmé la rupture. Le texte, soutenant la proposition d’autonomie du Maroc comme solution “réaliste et pragmatique”, a été adopté sans opposition russe.
Ce geste illustre, selon les analystes, la volonté de Moscou de privilégier ses propres intérêts plutôt que ceux de ses anciens alliés.
Ainsi, l’alliance historique entre l’Algérie et la Russie semble s’éroder, laissant place à une relation dominée par la méfiance et le pragmatisme, reflet d’un monde en pleine reconfiguration.



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