Le décret présidentiel du 14 octobre 2025, publié au Journal officiel le 21 octobre, a provoqué une onde de choc dans les milieux politiques d’Alger. Ce texte met fin aux fonctions de Boualem Boualem en tant que conseiller du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Une décision qui a surpris et déstabilisé l’entourage politique du pouvoir.

Bien que Boualem Boualem conserve officiellement son poste de chef de cabinet de la présidence, son éviction du rôle de conseiller juridique et institutionnel est perçue comme un blâme politique discret, mais significatif, illustrant un rééquilibrage des forces au sommet de l’État.

Cette mesure ne relève pas du hasard : elle intervient dans un contexte de fragilité croissante du régime algérien et à la veille d’une étape diplomatique sensible, juste avant la session du Conseil de sécurité consacrée au dossier du Sahara marocain.

Boualem Boualem était considéré comme l’un des hommes les plus puissants du cercle présidentiel et le représentant du courant le plus dur au sein du pouvoir. Il a largement influencé les principales réformes institutionnelles et juridiques menées ces dernières années. Son départ du cercle rapproché de Tebboune témoigne des tensions grandissantes entre la présidence, l’armée et les services de renseignement.

Selon des sources politiques à Alger, cette décision viserait à réduire l’influence du camp civil au sein de la présidence, accusé d’avoir fragilisé la cohésion du système et échoué à redorer l’image d’un régime perçu comme autoritaire, isolé et économiquement paralysé.

Sur le plan interne, l’Algérie traverse une période de mécontentement social marqué par une inflation record, un chômage massif chez les jeunes, l’effondrement du dinar et une perte de confiance généralisée envers les institutions.

Dans une tentative de redéploiement, Tebboune s’entoure désormais de figures technocratiques comme Mohamed Hammouche (conseiller aux affaires juridiques et judiciaires) et Nacereddine Ben Taïfour (conseiller à l’éducation, la formation et la culture). Mais selon les observateurs, ce changement n’est qu’un replâtrage superficiel destiné à masquer la crise profonde d’un système en perte de repères, à deux ans seulement de la présidentielle de 2027.

Parallèlement, le dossier du Sahara marocain connaît une évolution notable en faveur du Maroc sur la scène internationale. À l’approche de la session du Conseil de sécurité prévue fin octobre, plusieurs puissances, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, s’apprêtent à réaffirmer leur soutien à l’initiative marocaine d’autonomie. Le rapport du Secrétaire général de l’ONU a d’ailleurs salué le rôle constructif du Maroc, tout en dénonçant les entraves imposées par le Polisario et son parrain algérien.

Cette dynamique diplomatique accentue l’inquiétude à Alger, qui voit son influence décliner sur un dossier qu’elle considère comme stratégique. L’isolement croissant du pays en Afrique et au Maghreb nourrit un sentiment d’échec au sein du régime militaire. Certains analystes estiment ainsi que le départ de Boualem Boualem sert à désigner un « bouc émissaire » pour les récentes déconvenues diplomatiques.

En réalité, cette éviction illustre la dérive d’un système vacillant, miné par les divisions internes et l’isolement international, alors que le Maroc s’impose de plus en plus comme une puissance régionale solide, renforçant sa position dans le dossier du Sahara.

Tandis que le Maroc consolide sa diplomatie, multiplie ses partenariats et accélère le développement de ses provinces du Sud, l’Algérie s’enlise dans ses rivalités internes et peine à définir une vision stratégique claire.

Ainsi, la révocation de Boualem Boualem ne constitue pas un simple remaniement administratif, mais bien le signe d’un pouvoir en perte de contrôle, au moment où le Maroc affirme avec assurance son leadership régional et son influence internationale.