Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche signifie le retour à un style politique qui ne s’en tient pas aux approches traditionnelles. Il ne pratique pas la médiation douce, mais agit selon la logique des échanges et des accords profitables, ce qui constitue une opportunité pour traiter un dossier complexe comme celui du Sahara marocain.
L’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine au Sahara offre aux États-Unis un levier puissant pour mettre fin à un conflit qui dure depuis un demi-siècle. Washington utilise ce gain pour pousser une agenda de réconciliation pratique entre le Maroc et l’Algérie, visant à instaurer une stabilité régionale qui serve ses intérêts économiques et sécuritaires tout en limitant l’influence chinoise et russe en Afrique du Nord.
La reconstruction des relations entre Rabat et Alger n’est pas simple, car le terme « rétablissement des relations » cache des couches profondes de crises et de défis, incluant l’identité, les frontières, la mémoire politique, ainsi que la lutte pour l’influence régionale et la concurrence dans le Sahel et le Sahara.
De nouvelles conditions pourraient modifier les règles du jeu. Après le règlement du dossier du Sahara, l’Algérie entrera dans une phase de révision stratégique et pourrait être contrainte de réorganiser ses alliances en raison des pressions économiques et des défis internes, tandis que le Maroc se trouve en position de force et privilégie une phase de détente conditionnelle fondée sur la reconnaissance de la réalité et le respect de sa sécurité régionale.
Les États-Unis continueront de faire pression via les questions énergétiques, la coopération sécuritaire et les investissements, en envoyant des messages clairs selon lesquels la stabilité est une condition pour toute coopération commune. La réussite américaine dans le rapprochement des points de vue entre les deux pays est possible mais relative. Les résultats initiaux ne constitueront pas une « réconciliation historique », mais pourraient inclure le retour des ambassadeurs, l’ouverture de canaux de communication sécuritaires et politiques, l’ouverture progressive des passages frontaliers et une coopération économique limitée.
Le véritable changement résidera dans la mentalité et la logique stratégique. L’Algérie pourrait ouvrir une fenêtre si elle estime que le maintien de la rupture est coûteux, et le Maroc sera prêt si la réconciliation est basée sur le pragmatisme et non sur un simple acte formel.
L’administration Trump, si elle s’engage dans ce dossier, possède la capacité et la volonté d’imposer une réconciliation maghrébine après le règlement définitif du Sahara. Le succès dépendra du changement de mentalité et de volonté de l’État algérien, ainsi que de la disposition du Maroc à utiliser le gain stratégique pour encadrer de nouveaux équilibres, et pas seulement pour consolider la situation existante.
L’Union maghrébine à venir ne sera pas une réplique du passé, mais une unité réaliste basée sur la coopération économique et sécuritaire. L’histoire nous enseigne que la géographie est plus forte que la politique, mais la politique a besoin d’un moment de maturité, et nous nous en rapprochons peut-être progressivement et avec confiance.



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