Mercredi, la France a salué la décision de l’Algérie d’accorder une grâce spéciale à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, considérant cette mesure comme un geste positif aux dimensions humanitaires et politiques, reflétant une volonté commune de dépasser les tensions qui ont marqué les relations bilatérales ces derniers mois. Pendant ce temps, le sort du journaliste Christophe Gélis continue de retenir l’attention du public français.
Lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a exprimé la satisfaction du gouvernement français suite à l’annonce de la grâce par l’Algérie, précisant que Paris avait suivi le dossier « avec calme et respect » depuis ses débuts. Il a ajouté que la libération de Sansal résultait d’un « équilibre diplomatique respectueux », exprimant l’espoir que l’écrivain puisse retrouver sa famille et recevoir les soins nécessaires, sans aborder le cas de Gélis, détenu en Algérie depuis plusieurs mois.
Depuis Toulouse, le président français Emmanuel Macron a salué la décision, la qualifiant de « succès de la diplomatie calme, fondée sur le dialogue et non l’escalade », et a rendu hommage à la médiation allemande via le président Frank-Walter Steinmeier, qui a contribué à cet apaisement. Macron a souligné la volonté de poursuivre le dialogue sur les dossiers d’intérêt commun dans un esprit de compréhension et de responsabilité.
Selon un communiqué de la présidence algérienne, la grâce a été accordée en réponse à une demande officielle du président allemand, datée du 10 novembre 2025, tenant compte de l’état de santé critique de Sansal et de son âge avancé, avec la garantie que l’Allemagne prendra en charge son traitement sur son territoire dans le cadre d’une coopération humanitaire.
Boualem Sansal, âgé de 80 ans et détenteur des nationalités algérienne et française, est l’un des écrivains algériens les plus critiques à l’égard du pouvoir. Il avait été condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale » et « mise en danger de la sécurité de l’État », à la suite de déclarations controversées sur les frontières historiques de l’Afrique du Nord et la question du Sahara.
Les observateurs soulignent que l’arrestation et le procès de Sansal étaient liés à ses positions sur le Sahara marocain et l’Ouest algérien, considérant que ce dossier reflète la politique algérienne vis-à-vis du Maroc.
La libération de Sansal intervient dans un contexte où les relations entre Paris et Alger montrent des signes d’ouverture après plusieurs mois de blocage diplomatique, le directeur général du renseignement extérieur français ayant noté des signaux positifs de l’Algérie en faveur de la reprise du dialogue.
Malgré ce geste positif, le dossier du journaliste Christophe Gélis, détenu depuis mai 2024 alors qu’il préparait un reportage sur le club de football JS Kabylie, demeure un obstacle à une réconciliation complète entre les deux pays, avec la persistance des différends sur l’immigration, la mémoire historique et la coopération sécuritaire.
Les analystes estiment que le retour à des relations normales dépendra de la capacité des deux parties à traiter les dossiers politiques et les questions de droits en suspens, loin des tensions et des surenchères médiatiques, malgré la dimension humanitaire de la grâce accordée à Sansal.



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