La cour pénale de Tizi Ouzou a rendu, le 4 novembre 2025, un verdict sévère à l’encontre de l’activiste du Hirak Fadéla Hammas, alourdissant considérablement la peine prononcée en première instance. Initialement condamnée à trois mois de prison avec sursis, elle écope désormais d’un an de prison ferme, assorti d’une amende de 200 000 dinars, avec application immédiate du jugement.

L’annonce a été faite par son avocate, Me Fetta Sadat, sur sa page Facebook. Cette décision fait suite à l’appel interjeté contre le jugement du tribunal de première instance, jugé trop clément par les autorités. La cour d’appel, pour sa part, a choisi de durcir la peine sans donner de justifications officielles à ce revirement.

Une décision inscrite dans un climat de répression grandissante

Ce verdict s’ajoute à une série d’affaires traduisant une intensification inquiétante des poursuites contre les militants, journalistes et défenseurs des droits humains, particulièrement en Kabylie. De nombreuses ONG, locales comme internationales, dénoncent un recours systématique à la justice pénale pour faire taire toute critique du pouvoir.

Figure emblématique du Hirak – ou Tanekra en Kabylie – Fadéla Hammas s’est fait connaître depuis 2019 par son militantisme pacifique et son engagement citoyen. Sa condamnation est perçue comme un avertissement adressé au mouvement associatif et démocratique, déjà fragilisé par des années de répression.

Une arrestation dénoncée par Amnesty International

Dans un rapport publié plus tôt en 2025, Amnesty International a décrit les conditions préoccupantes de son arrestation. L’organisation rapporte que :

« Les autorités ont interpellé la militante syndicaliste Fadéla Hammas le 21 février 2025 à Azazga. Elle a été interrogée par la police sur ses opinions et ses publications Facebook traitant de sujets politiques et relatifs aux droits humains. Trois jours plus tard, le parquet a ordonné sa remise en liberté dans l’attente de son procès prévu le 11 mai, pour “diffusion de fausses informations susceptibles de nuire à la sécurité nationale ou à l’ordre public”. »

Selon l’ONG, cette arrestation s’inscrit dans une politique répressive plus large visant à criminaliser la liberté d’expression et à harceler judiciairement les voix dissidentes.

Un symbole du recul des libertés en Algérie

Pour de nombreux observateurs, cette condamnation illustre l’étouffement progressif de l’espace civique sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune et l’autorité du chef d’état-major Saïd Chengriha. Les militants dénoncent un système judiciaire instrumentalisé et un appareil sécuritaire incapable de tolérer la contestation pacifique.

On estime actuellement à environ 250 le nombre de prisonniers d’opinion en Algérie. De plus, un nombre indéterminé de citoyens font l’objet d’interdictions de sortie du territoire national (ISTN), souvent décidées sans procédure claire ni transparence.

Pour l’heure, la défense de Fadéla Hammas n’a pas encore indiqué si un recours en cassation sera déposé.

Ce nouveau verdict vient accentuer les inquiétudes d’une société civile déjà affaiblie, et confirme, selon de nombreux observateurs, que la répression demeure le réflexe privilégié du pouvoir algérien face aux revendications citoyennes et démocratiques.