La Guinée-Bissau a connu ces dernières heures un tournant politique majeur après l’annonce par un groupe de hauts responsables militaires de la prise totale du pouvoir et de la suspension du processus électoral organisé récemment dans le pays. Cette intervention est survenue quelques jours après des élections présidentielles et législatives très disputées, opposant le président sortant Umaro Sissoco Embaló à plusieurs figures de l’opposition, ce qui replonge à nouveau la nation dans le cycle des coups d’État et des instabilités institutionnelles.

Selon des sources militaires et médiatiques à Bissau, l’armée a arrêté le président Umaro Sissoco Embaló à l’intérieur du palais présidentiel, seulement quelques heures après qu’il a déclaré sa réélection. Des responsables militaires ont assuré qu’il est traité correctement. Des personnalités politiques influentes ont également été interpellées, dont le leader de l’opposition Domingos Simões Pereira, empêché de se présenter par la Cour suprême, ainsi que d’autres responsables publics.

Les médias locaux ont rapporté des échanges de tirs intenses près du palais présidentiel ainsi que dans plusieurs zones administratives et militaires. Cette situation a provoqué une vague de panique parmi la population, poussant des centaines de personnes à fuir à pied ou en voiture à la recherche de lieux plus sûrs, alors que le paysage politique reste totalement flou.

Parallèlement, un groupe de hauts officiers de l’armée a annoncé la suspension du processus électoral et la fermeture des frontières jusqu’à nouvel ordre, affirmant que cette mesure vise à clarifier la situation politique avant un éventuel retour à l’ordre constitutionnel.

Fernando Dias, candidat de l’opposition qui affirme être arrivé en tête au premier tour, a appelé l’armée à rester neutre et à ne pas interférer dans les résultats du scrutin. Il a souligné que le pays traverse une période critique et que la poursuite du processus démocratique doit être garantie sans intervention militaire.

Ces développements interviennent moins de vingt-quatre heures avant la publication attendue des résultats officiels. Embaló et son principal rival ont tous deux revendiqué la victoire, ce qui a alimenté la tension et l’incertitude au sein de la classe politique ainsi que dans la rue.

La Guinée-Bissau, dont la population ne dépasse pas deux millions d’habitants, est l’un des pays les plus instables d’Afrique de l’Ouest, ayant connu au moins neuf tentatives de coup d’État depuis 1980. Le président Embaló avait déjà échappé à deux tentatives de renversement, la plus récente datant de 2023.

Le pays se trouve aujourd’hui à un moment décisif. La communauté nationale et internationale observe la situation en attendant de voir quelle direction prendra la transition. Deux scénarios semblent possibles: soit une sortie de crise par des mécanismes constitutionnels, soit une dérive vers une nouvelle phase de chaos dans un pays longtemps marqué par les crises politiques et les coups de force.