Par : Abderrahmane Fares

Le 1er novembre 2025, alors que l’Algérie célébrait le 71ᵉ anniversaire du déclenchement de sa guerre de libération, l’ambassadrice des États-Unis à Alger, Elizabeth Moore Aubin, publiait un message apparemment solennel, mais au sens diplomatique précis. « Un chapitre important de l’histoire de l’Algérie s’ouvre aujourd’hui », écrivait-elle, saluant « le courage de la population algérienne démontré en 1954, et chaque jour depuis ». Quelques heures plus tôt, le Conseil de sécurité venait d’adopter la résolution 2797 (2025), qui entérine le plan d’autonomie marocain comme unique base de négociation sur le Sahara occidental.

Le choix des mots et du moment ne doit rien au hasard. Derrière la référence commémorative, la formule « chapitre important » ne renvoie pas au 71ème anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne, mais renvoie à un tournant historique : la fin du référendum du Front Polisario. En d’autres termes, la diplomatie américaine à Alger reconnaît la clôture d’un demi-siècle de doctrine de « décolonisation », désormais remplacée par un cadre d’autonomie sous souveraineté marocaine.

La nuance est renforcée par la précision : « Tout mon respect au peuple algérien ». Le respect s’adresse au peuple, non à l’État ni au régime. Cette distinction subtile distingue la solidarité envers les citoyens de toute validation du régime, marquant une empathie sincère pour la résilience quotidienne des Algériens. La dernière phrase, « et chaque jour depuis », sonne comme un hommage discret à cette endurance face aux contraintes d’un pouvoir autoritaire.

En quelques lignes, l’ambassadrice Aubin a combiné hommage historique et signal diplomatique. Elle a salué la mémoire de 1954 tout en suggérant depuis Alger, sans le dire, que l’ère du Polisario et des récits révolutionnaires appartient désormais au passé. Un message diplomatique feutré, mais fort : l’histoire entre dans un nouveau chapitre.

En un seul tweet (تغريدة) publié le 1ᵉʳ novembre 2025, l’ambassadrice des États-Unis a tourné la page d’un demi-siècle de rhétorique de libération, marquant, depuis Alger, la fin de la révolution du Polisario.