Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane entame une visite officielle à Washington, la première depuis sept ans, dans un contexte régional tendu et sous forte pression américaine visant à encourager Riyad à normaliser ses relations avec Israël. Cependant, l’Arabie saoudite semble prioriser l’obtention de garanties de sécurité américaines solides avant toute avancée politique majeure dans ce dossier.
Pressions américaines pour un accord de normalisation… et position ferme de Riyad
Le président américain Donald Trump pousse pour que le royaume rejoigne les Accords d’Abraham, qualifiant ce pas d’objectif central pour son administration. Mais Riyad a réaffirmé à plusieurs reprises que l’établissement d’un État palestinien indépendant demeure une condition indispensable pour envisager toute normalisation avec Israël.
Les analystes estiment que l’Arabie saoudite n’est pas prête, dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas et de l’instabilité régionale, à consentir une concession stratégique aussi importante.
Les garanties sécuritaires : la priorité de la visite
Le dossier le plus crucial de cette visite concerne les efforts du royaume pour obtenir une protection sécuritaire américaine renforcée, à la suite de la frappe israélienne contre le Qatar en septembre 2025, qui a suscité de fortes inquiétudes dans le Golfe.
L’Arabie saoudite cherche notamment à obtenir :
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un accord de défense similaire à celui accordé au Qatar
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des systèmes avancés de défense aérienne et antimissile
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un contrat pour l’acquisition de chasseurs F-35
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des semi-conducteurs et technologies de pointe pour soutenir ses projets en intelligence artificielle dans le cadre de la Vision 2030
Selon des médias américains, Israël exercerait une pression pour conditionner la vente des F-35 à des avancées concrètes vers la normalisation.
Le réchauffement des relations après l’affaire Khashoggi
Il s’agit de la première visite du prince héritier aux États-Unis depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, un événement qui avait provoqué une crise diplomatique majeure. Les relations se sont toutefois progressivement rétablies, notamment après la visite du président Trump à Riyad en 2025, qui avait débouché sur des engagements d’investissement totalisant 600 milliards de dollars.
Washington–Riyad : une équation complexe
Selon les experts, la réussite de la visite dépendra de la capacité de Mohammed ben Salmane à :
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instaurer un cadre clair de coopération sécuritaire avec Washington
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renforcer la dissuasion face à l’Iran
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soutenir l’avancement de la Vision 2030
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réduire la dépendance du royaume envers la Chine dans les secteurs sensibles
En parallèle, les États-Unis exercent une pression sur Riyad afin d’obtenir des signaux tangibles en faveur d’un rapprochement avec Israël, ainsi qu’un rôle actif dans la recherche d’un horizon politique crédible pour la cause palestinienne.



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