L’Algérie cherche à entrer dans une nouvelle phase de sa politique économique sous le thème de « l’ouverture touristique », après des décennies de négligence de ce secteur stratégique, longtemps marginalisé en raison de la dépendance quasi totale du pays aux exportations de pétrole et de gaz. Cette initiative intervient alors que le Maroc connaît un succès fulgurant, devenant la première destination touristique du continent africain avec 17,4 millions de visiteurs en 2024, et des prévisions de 18 millions d’ici la fin 2025.
L’Algérie semble avoir pris conscience de l’écart qui la sépare de ses voisins nord-africains, notamment du Maroc, qui a acquis une grande expérience dans la promotion de ses destinations touristiques. En conséquence, les autorités algériennes ont lancé une nouvelle campagne visant à promouvoir le pays comme destination mondiale pour le tourisme culturel et écologique.
Dans ce cadre, l’ambassadeur d’Algérie aux États-Unis, Sabri Boukadoum, a récemment participé à l’émission Good Morning Washington sur la chaîne ABC, invitant les téléspectateurs à découvrir la beauté de l’Algérie à travers sa nature exceptionnelle, son vaste désert et son riche patrimoine historique, qualifiant le pays de terre d’accueil chaleureuse. Cette apparition médiatique s’inscrit dans le cadre d’une campagne publicitaire financée par le gouvernement algérien pour mettre en avant ses atouts touristiques à l’international, dans l’objectif d’attirer les touristes américains et européens vers un pays longtemps absent de la carte touristique mondiale.
En mai 2024, le ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat avait exprimé son grand optimisme quant à la possibilité pour le pays de réaliser un « saut qualitatif » en termes de fréquentation touristique, affirmant que l’Algérie pourrait accueillir plus de 12 millions de visiteurs d’ici 2030. Toutefois, cet objectif a été accueilli avec scepticisme par plusieurs médias internationaux spécialisés, qui ont estimé qu’atteindre ce chiffre en seulement six ans serait « difficile à réaliser » en raison du manque d’infrastructures hôtelières, de la faiblesse des services et de l’absence de liaisons aériennes directes avec les grands marchés.
Selon les rapports, l’Algérie reçoit actuellement environ 4 millions de visiteurs par an, dont près de la moitié provient de la diaspora algérienne résidant à l’étranger, revenue durant les vacances d’été, tandis que l’autre moitié est composée de touristes venant de Tunisie et de certains pays africains voisins.
Le gouvernement algérien s’attelle actuellement à corriger ce qui peut l’être, en encourageant les investissements privés dans l’hébergement et l’hôtellerie, en simplifiant les procédures de délivrance de visas et en modernisant les aéroports et les ports, des mesures jugées « tardives mais nécessaires ».
Selon les experts du tourisme, l’Algérie commence à considérer ce secteur comme un levier économique alternatif au pétrole et au gaz, dans un contexte de baisse des prix mondiaux de l’énergie et de pressions financières croissantes sur le budget de l’État. Par cette ouverture, le pays cherche à entrer en concurrence directe avec le Maroc, la Tunisie et l’Égypte, qui ont réussi à faire du tourisme l’un des piliers de leur économie nationale, ce secteur représentant plus de 10 % du produit intérieur brut au Maroc et en Tunisie.



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