Depuis le début de novembre 2025, et avant même que les répercussions de la récente décision du Conseil de sécurité sur le Sahara ne s’apaisent, la diplomatie algérienne a adopté un discours défensif qui semble dater d’une autre époque. Lors d’une conférence de presse à Alger, le ministre Ahmed Attaf a annoncé la disposition de son pays à soutenir toute initiative de médiation entre le Polisario et le Maroc « dans le cadre onusien », comme s’il parlait avant le 31 octobre, date à laquelle le Conseil de sécurité a reconnu pour la première fois la légitimité du plan d’autonomie marocain comme « solution la plus réalisable ».

Le tournant onusien et son impact sur le récit algérien

Après le 31 octobre, le conflit autour du Sahara s’inscrit dans une nouvelle architecture internationale qui ne correspond plus au récit traditionnel algérien fondé sur le « droit à l’autodétermination ». La décision onusienne a mis l’accent sur des solutions réalistes et a confirmé la priorité de l’approche marocaine, reléguant presque totalement le scénario du référendum à un rôle purement formel.

Médiation algérienne dans un contexte de perte d’influence

L’annonce de la médiation algérienne apparaît comme une tentative de maintenir une présence symbolique, à un moment où le Maroc domine l’équilibre régional grâce à des accords de défense, des partenariats économiques avec l’Union européenne et un engagement croissant en Afrique, tout en obtenant des reconnaissances répétées de sa souveraineté sur le Sahara.

Attaf a précisé que toute médiation devrait aboutir à une « solution juste, durable et finale » conforme aux résolutions de l’ONU, tentant ainsi de construire un récit algérien de médiateur alors que le pays est en réalité un acteur direct du conflit.

Démystification des prétendus « gains » du Polisario

Quand Attaf évoque les « gains majeurs » du Polisario, une lecture précise de la résolution onusienne montre que l’autonomie marocaine est la solution réaliste, tandis que le scénario du référendum est mentionné de manière purement protocolaire, sans application concrète. Les pays ayant abstenu leur vote, comme la Chine, la Russie et le Pakistan, n’ont pas rejeté la décision, mais ont adopté une position intermédiaire, préservant leurs relations avec les grandes puissances.

La MINURSO et un récit dépassé

L’insistance de l’Algérie sur la MINURSO en tant que « mission référendaire » illustre une tentative de réactiver un discours datant de 1991. Or, la mission actuelle se concentre sur le maintien du cessez-le-feu et l’accompagnement des efforts politiques, et tous les secrétaires généraux de l’ONU ont confirmé l’impossibilité pratique de tenir un référendum.

Le temps international a changé, l’Algérie reste dans les années 1970

Le Maroc a construit de larges alliances avec Washington, Londres, Madrid et Berlin, et est désormais perçu comme un partenaire stratégique sur l’énergie, la sécurité et la migration. À l’inverse, l’Algérie fait face à un isolement croissant au Sahel et à des troubles internes depuis 2019. Le dossier du Sahara devient un instrument plus interne qu’international, tandis que le monde privilégie désormais la stabilité régionale et les partenariats concrets au statu quo politique.

Conclusion : le récit algérien entre passé et réalité nouvelle

Les déclarations d’Attaf demeurent une tentative de rééditer un récit qui a perdu toute crédibilité, défendant le passé alors que le monde avance vers une solution politique concrète, basée sur une large autonomie sous souveraineté marocaine. L’Algérie, malgré le vacarme de son discours, est désormais davantage spectatrice qu’actrice, dans un contexte international qui ne correspond plus à sa diplomatie d’un demi-siècle.