Par Hichem ABOUD
L’Histoire retiendra que, depuis le 7 octobre 2023, date de l’éclatement des hostilités entre Israël et le Hamas, l’aide du régime algérien s’est réduite à une mascarade : un seul camion de vivres, arrivé par Rafah avec retard, comme une aumône jetée à la face des martyrs. Puis, plus rien.
L’Histoire retiendra que même la ferveur populaire fut étouffée. Le pouvoir n’autorisa qu’une seule manifestation, sous haute surveillance policière et sécuritaire, comme si la solidarité avec Gaza devait être canalisée, confinée, stérilisée, de peur qu’elle ne rallume la flamme du Hirak.
L’Histoire retiendra qu’Alger parla, parla encore, parla toujours. Des torrents de discours, des communiqués à répétition, des postures de vertu… mais pas un geste concret. Comment accuser Israël d’avoir « planifié » la famine à Gaza quand soi-même on n’a pas été capable d’envoyer une seule baguette de pain, une seule goutte d’eau, un seul signe de courage ?
L’Histoire retiendra que le génocide s’accomplit dans le silence pesant des rues algériennes, désertées de toute voix libre. Car lorsque des partis politiques — pourtant soumis et inféodés — voulurent organiser des marches, le ministère de l’Intérieur, sans rougir, leur opposa un refus net, révélant une hypocrisie sans limite. Ainsi, Alger s’est distinguée non pas par son soutien, mais par son mutisme complice, pendant que les enfants de Gaza agonisaient sous la faim.
Mais l’Histoire retiendra aussi que le peuple n’est pas le régime. La cause palestinienne reste sacrée aux yeux des Algériens. Les supporters du Mouloudia Club d’Alger l’ont prouvé : par des collectes de vivres, par des repas offerts aux enfants de Gaza, ils ont rappelé que la solidarité n’exige pas des millions, mais de la dignité. Là où un peuple agit avec ses modestes moyens, un État riche de pétrole et de gaz s’est contenté de fanfaronner dans ses médias, incapables de faire frémir la scène internationale.
Et pendant que Gaza sombrait dans la famine, le ministère des Affaires étrangères publiait un communiqué solennel, daté du 23 août, pour s’indigner : « Les Nations-Unies ont décrété l’état de famine à Gaza. C’est un précédent dangereux, inédit dans l’histoire du Moyen-Orient », accusant Israël de l’avoir « planifié ». Des mots creux, des phrases mortes, un papier de plus jeté aux vents.
Hypocrisie ou lâcheté ? Sans doute les deux. Car que pouvait-on attendre d’un régime gouverné par des généraux qui n’ont jamais eu le courage d’affronter la vérité, ni à l’intérieur du pays, ni sur la scène internationale ?
Et l’Histoire, impitoyable, consignera cette trahison : Gaza mourait, et Alger se taisait.
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