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Ce mercredi 20 août, jour du 69ᵉ anniversaire du Congrès de la Soummam — moment fondateur de la Révolution algérienne — une centaine de personnalités issues de la société civile et de partis politiques ont lancé un appel solennel au peuple algérien. Leur texte, empreint de gravité, fait écho à l’esprit du Hirak de février 2019, qu’ils considèrent comme l’héritier naturel de l’élan de la Soummam.
« Les aspirations populaires exprimées par le mouvement de février 2019, qui a fait sien l’esprit de la Soummam, n’ont toujours pas trouvé de réponses à la hauteur de l’élan citoyen qui les a portées », rappelle le communiqué.
Les signataires de cet appel forment un front hétéroclite : acteurs politiques, chefs d’entreprise, militaires et figures de la société civile. Parmi eux, Atmane Mazouz, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), seul chef de parti à s’y engager publiquement.
Le constat est implacable : « L’espace public reste verrouillé, la parole démocratique étouffée, et la souveraineté populaire confisquée par un système politique sans légitimité réelle, qui brandit le conservatisme et l’obscurantisme comme boucliers. » Et l’appel se fait clair : renouer avec la promesse de la Soummam, bâtir « un État républicain, civil, ni militaire ni théocratique, fondé sur la justice sociale, l’égalité et la dignité pour toutes et tous, sans distinction de genre, de langue, de confession ou de statut social ».
Les rédacteurs en appellent directement à l’unité nationale : « Nous invitons les Algériennes et les Algériens, les mouvements civiques, les intellectuels, les artistes, les syndicats et la diaspora, à s’unir autour de cette déclaration, afin d’amorcer un changement crédible et unitaire, inspiré par la grande convergence patriotique du congrès d’août 1956. »
Cet appel fait trembler un régime qui se croyait inébranlable. Abdelmadjid Tebboune, président réélu en septembre 2024 au terme d’une farce électorale qui lui accorda 84 % des voix, se retrouve aujourd’hui contesté dans un climat de répression sans précédent depuis l’indépendance. Parti en villégiature à Antalya, en Turquie, il a disparu de la scène pendant plus de vingt jours. Revenu discrètement le 18 août, selon des sources bien informées, il continue d’entretenir le flou par son absence, laissant libre cours aux spéculations les plus diverses.
Mais Tebboune n’est qu’un écran. Un paravent. Le cache-sexe d’un pouvoir militaire qui dicte sa loi depuis l’ombre. Car le véritable maître du pays n’est pas à El-Mouradia mais au sommet de l’armée : Saïd Chengriha. Chef d’état-major, il incarne la dérive la plus cynique du régime. Un homme dont le nom est associé à tous les scandales, à toutes les compromissions, et que d’aucuns surnomment déjà le « baron du haschich ». Comme Nicolas Maduro au Venezuela, il pourrait un jour voir son nom inscrit sur la liste noire des narcotrafiquants dressée par les grandes puissances.
Ainsi, à l’heure où les signataires de l’appel invoquent l’héritage de la Soummam et du sacrifice des martyrs de novembre, le peuple algérien se retrouve face à une question historique : acceptera-t-il encore longtemps d’être pris en otage par un régime militaire prédateur, ou saura-t-il retrouver l’esprit de liberté et de dignité qui a fait naître l’Algérie indépendante ?