Un récent rapport du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a mis en lumière une dégradation inquiétante de l’état nutritionnel et sanitaire des populations vivant dans les camps de Tindouf, au sud de l’Algérie. Le document met en garde contre un risque imminent de crise humanitaire, particulièrement parmi les enfants et les femmes en âge de procréer.
Selon le paragraphe 66 du rapport, couvrant la période du 31 octobre 2024 au 30 septembre 2025, les résultats d’une enquête menée en mai 2025 montrent une hausse alarmante des taux de malnutrition aiguë et de retard de croissance : 13,6 % et 30,7 % respectivement, contre 10,7 % et 28,8 % enregistrés en 2022. Ces chiffres traduisent une détérioration claire de la santé des habitants des camps.
Le rapport signale également une augmentation sans précédent du taux d’anémie, qui dépasse largement le seuil critique de 40 % fixé par les normes de santé publique. L’étude fait état d’un taux de 68,8 % chez les femmes en âge de procréer et de 65,3 % chez les enfants de moins de cinq ans, contre 53,5 % et 54,2 % respectivement en 2022. Des chiffres que l’ONU qualifie d’“alerte humanitaire sérieuse”.
Pour Guterres, ces indicateurs traduisent l’aggravation des conditions de vie dans les camps, accentuée par le détournement récurrent de l’aide humanitaire et la faiblesse du soutien international, ce qui a exacerbé les souffrances des groupes les plus vulnérables.
Face à cette situation, le rapport souligne que le HCR, l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial ont lancé une stratégie conjointe sur cinq ans, visant à lutter contre la malnutrition, le retard de croissance, l’insuffisance pondérale et l’anémie, tout en œuvrant à renforcer la sécurité alimentaire dans les camps.
Parallèlement, cette crise humanitaire intervient dans un contexte de forte tension sociale observée depuis plusieurs mois à Tindouf, sur fond de corruption et de mauvaise distribution des aides humanitaires. Plusieurs sources médiatiques rapportent que, malgré la précarité croissante, la direction du Front Polisario continue d’investir dans la construction de bâtiments luxueux et fortement sécurisés, un contraste flagrant avec la misère vécue par les réfugiés.
Dans une déclaration accordée à La Gazette en février dernier, Mohamed Salem Abdel Fattah, président de l’Observatoire sahraoui des médias et des droits de l’homme, a affirmé que le Polisario dépensait “des sommes colossales pour bâtir des sièges somptueux à Tindouf”, cherchant ainsi à “consolider son projet séparatiste après son échec à l’imposer dans les provinces du sud du Maroc”.
Selon lui, ces constructions témoignent d’un climat d’insécurité croissant au sein de la direction du mouvement, désormais préoccupée par la colère populaire grandissante. Ces derniers mois, des manifestations et des incidents de pillage ont été signalés, y compris contre le siège du chef du Polisario, Brahim Ghali, dans un contexte de dégradation des conditions de vie et de frustration généralisée.
Abdel Fattah estime que la direction séparatiste a choisi de répondre à cette colère en érigeant de nouveaux complexes fortifiés pour se protéger, plutôt que d’apporter des solutions concrètes aux souffrances des populations.
De son côté, le Forum Forsatine a révélé dans un communiqué récent que Brahim Ghali supervise la construction d’un palais présidentiel luxueux dans la zone de Rabouni, pour un coût estimé à plusieurs millions de dollars. Le bâtiment comprendrait des salles de réception et des espaces de cérémonie fastueux, alors même que les réfugiés sahraouis souffrent de faim, de pauvreté et de privations sévères.
Le forum précise que le financement de ce projet provient de réseaux d’hommes d’affaires algériens, de trafiquants et de contrebandiers d’armes, ainsi que de fonds humanitaires internationaux détournés, soulignant “le contraste frappant entre l’opulence de la direction du Polisario et l’effondrement social des habitants des camps”.
Le communiqué conclut en affirmant que ces projets “révèlent le véritable visage du Polisario”, un mouvement qui continue de détourner l’aide humanitaire à des fins personnelles, alors même que les rapports de l’ONU décrivent les conditions de vie dans les camps comme catastrophiques et en constante aggravation.



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