La diplomatie algérienne tente de rattraper son retard dans une région maghrébine en pleine recomposition, après que plusieurs médias espagnols ont révélé que le président algérien Abdelmadjid Tebboune prépare une visite officielle à Madrid durant le mois de décembre. Une initiative largement perçue comme une réaction tardive, survenant juste après le sommet maroco espagnol prévu cette semaine dans la capitale espagnole et qui reflète un niveau inédit de rapprochement entre Rabat et Madrid.
Une visite sous pression
Le timing de cette visite n’est pas anodin. L’Espagne a confirmé il y a quelques jours la tenue d’un sommet de haut niveau avec le Maroc le 4 décembre, dans un contexte politique sensible marqué par des transformations stratégiques majeures dans la région. Ces évolutions ont placé l’Algérie dans une position inconfortable, surtout après le renforcement notable du partenariat maroco espagnol depuis 2022, lorsque Madrid a apporté son soutien clair à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara, considérée comme la solution la plus réaliste au conflit.
Le journal espagnol The Objective souligne que Tebboune cherche par cette visite à regagner une partie de l’influence perdue et à réinsérer l’Algérie dans l’équation des relations méditerranéennes, alors que Rabat s’est imposée comme le partenaire privilégié et fiable de Madrid.
Des manœuvres diplomatiques avant l’arrivée de Tebboune
Dans le même contexte, le gouvernement espagnol a validé la semaine dernière la nomination de Ramiro Fernández Bachiller comme nouvel ambassadeur en Algérie. La presse espagnole y voit une tentative de réparer les ponts fragilisés avec Alger et de préparer le terrain à une visite présidentielle longtemps repoussée.
Il convient de rappeler que le dernier contact bilatéral de haut niveau remonte à la visite de Pedro Sánchez à Alger en 2020, avant que l’affaire de l’entrée d’Ibrahim Ghali en Espagne ne provoque une crise majeure qui a profondément changé les équilibres régionaux et redéfini les alliances.
Le Sahara marocain au cœur des tensions
La visite annoncée intervient également dans le sillage de la dernière résolution du Conseil de sécurité concernant le Sahara marocain, une résolution qui a provoqué un véritable malaise au sein de l’appareil politique algérien après le renouvellement du soutien ferme de l’Espagne à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc.
Ce malaise illustre l’ampleur des pressions auxquelles fait face le régime algérien, marqué par un recul de son influence régionale et la perte progressive de plusieurs alliés traditionnels. La visite de Tebboune à Madrid apparaît ainsi comme une tentative d’échapper à une isolation diplomatique croissante et de réajuster la position de l’Algérie sur la scène internationale.
Une course diplomatique perdue
Alors que le Maroc consolide sa position régionale et renforce sa coopération stratégique avec Madrid, l’Algérie semble évoluer en réaction plutôt qu’en action. La visite de Tebboune ressemble davantage à une réponse contrainte qu’à une initiative stratégique. Reste à savoir dans les prochains jours si ce déplacement permettra réellement au régime algérien de regagner du terrain ou s’il ne s’agira que d’un geste symbolique dans une course diplomatique que le Maroc domine depuis plusieurs années.



Comments
0No comments yet.