Par : Amina Ibnou-Cheikh Ougdourt
Dans un geste humanitaire riche en significations, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire a permis à Nasser Zefzafi d’assister aux funérailles de son père, afin qu’il puisse se tenir aux côtés de sa famille et de ses compagnons dans ce moment de deuil douloureux, et recevoir les condoléances de ses proches, de ses amis et de larges franges du peuple marocain. Une initiative digne d’estime, car elle reflète le respect de la sacralité de la mort et la considération due à la famille.
Le discours de Zefzafi à cette occasion n’était pas dépourvu de messages profonds ; il a réaffirmé sa sincère patriotisme et son attachement à sa terre, du nord au sud et de l’est à l’ouest, soulignant qu’il n’a jamais renoncé à son amour pour le Maroc ni à son souci de son unité et de sa stabilité.
Cependant, cette scène douloureuse a suscité des interrogations pressantes : n’est-il pas temps d’ouvrir une nouvelle page et de mettre fin aux souffrances de cet homme et de ses compagnons ? Quel cœur pourrait supporter de voir la mère de Zefzafi quitter le cimetière accablée par une double peine : la perte de son mari dans la tombe et celle de son fils derrière les barreaux ?
Cette situation éprouvante impose un sursaut de conscience nationale. La souveraineté de la justice ne peut se concrétiser que par l’équité, et le patriotisme se mesure à la capacité de l’État à accueillir tous ses enfants, même ceux qui diffèrent de lui — s’il y a réellement divergence. Et le Maroc, engagé sur une voie démocratique et se réclamant des droits humains, ne saurait demeurer prisonnier d’une approche sécuritaire face à une question aux dimensions sociales et politiques profondes.
La libération de Nasser Zefzafi et de ses compagnons, ainsi que de tous les prisonniers d’opinion, ne serait pas perçue comme une concession de l’État, mais comme une preuve de force et de sagesse. Car le pardon est courage, l’indulgence est sagesse, et la réconciliation avec les enfants de la patrie est la meilleure voie pour renforcer l’unité et garantir la stabilité.
Aujourd’hui, les Marocains attendent un moment charnière de l’histoire du pays : celui de la libération des détenus du Hirak, de la restauration de la confiance entre l’État et la société, et de la confirmation que le Maroc est une patrie assez vaste pour accueillir tous ses enfants, quelles que soient leurs différences de visions et de positions.
Et naguère, le sage amazigh disait :
ⴰⵏⴷⴰⵢ ⵓⵔ ⴷⴰ ⵢⵜⵜⵍⵓⵖ
Anday ur da yttlugh
« L’homme noble est large de cœur, il ne se met pas en colère et ne connaît pas l’envie. »
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