Algérie

Le Premier ministre français : Ce qui arrive à Boulalam Sonsal est insupportable

La France fera pression pour un pardon présidentiel qui lui redonne sa dignité

Le Premier ministre français, François Bayrou, a exprimé mardi son grand espoir qu’un pardon présidentiel algérien soit accordé à l’écrivain franco-algérien Boulalam Sonsal, après que la cour d’appel d’Alger a confirmé la peine initiale de cinq ans de prison, pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ».

Cette escalade judiciaire contre un écrivain âgé de 80 ans, souffrant d’un cancer, suite à des déclarations dans la presse, a creusé le fossé entre les deux pays, surtout dans un contexte de tensions diplomatiques vives depuis juillet 2024. À cette date, la France avait officiellement soutenu l’initiative d’autonomie comme seule solution raisonnable au conflit artificiel autour du Sahara marocain, ce qui a provoqué l’ire de l’Algérie, alliée historique du Front Polisario séparatiste.

Le Premier ministre Bayrou, visiblement touché par le dossier Sonsal, a déclaré que la situation de l’écrivain est « insupportable pour les Français et le gouvernement français », ajoutant : « Maintenant, après le verdict, on peut envisager un pardon, surtout compte tenu de son état de santé critique ».

Le responsable gouvernemental a indiqué que « toutes les instances exécutives, du président de la République au gouvernement, œuvrent dans ce sens pour faire triompher l’humanité ».

Ces propos, bien que formulés dans une langue diplomatique prudente, reflètent une volonté officielle claire de faire pression sur l’Algérie pour la libération de l’écrivain, tout en respectant la souveraineté de la justice algérienne.

De son côté, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a pas caché son mécontentement face au verdict et a appelé à une « réponse progressive » de Paris, insistant sur la nécessité de « ne rater aucune opportunité » pour obtenir la libération de Sonsal « dès maintenant et jusqu’à la fin de la semaine », faisant allusion à des efforts diplomatiques français intenses en coulisses pour éviter toute complication supplémentaire.

L’épreuve de Sonsal a commencé en octobre 2024 lorsqu’il a déclaré dans une interview accordée à un média français de droite nommé « Frontière » que « une partie des terres du Royaume du Maroc avait été détachée sous la colonisation française et annexée à l’Algérie ». Cette déclaration a été considérée en Algérie comme une atteinte à l’unité du territoire national, ce qui a conduit à son renvoi devant la justice.

En mars 2025, un tribunal de première instance l’a condamné à cinq ans de prison, peine confirmée récemment en appel, provoquant une montée des voix en France parmi les défenseurs des droits et les politiques, qui considèrent l’affaire comme dépassant la simple « liberté d’expression » pour devenir une forme de « vengeance politique », particulièrement dans le contexte des évolutions géopolitiques rapides liées au dossier du Sahara marocain.

Boulalam Sonsal n’est pas un écrivain ordinaire ; il est l’une des voix intellectuelles algériennes francophones les plus influentes, souvent au cœur de débats sur l’identité, l’histoire et la démocratie en Algérie. Bien qu’il vive entre la France et l’Algérie, il est resté un critique ouvert du pouvoir algérien et un défenseur de la liberté d’expression.

Mais cette fois, ses déclarations interviennent dans un contexte très sensible, avec un soutien français croissant au Maroc, une dégradation des relations bilatérales, et un refus algérien catégorique de tout « doute » sur la légitimité des frontières fixées par la colonisation française en 1962.

De nombreux milieux français ont qualifié le verdict de mesure « punitive politique », tandis que l’organisation « Reporters sans frontières » a dénoncé un procès « manquant de transparence » et s’inquiète de la détérioration de la liberté d’expression en Algérie.

Le dossier de Boulalam Sonsal est indissociable des enjeux géopolitiques profonds de la région maghrébine. Alors que Rabat cherche à renforcer la reconnaissance internationale de son initiative d’autonomie, avec le soutien de grandes puissances telles que la France, l’Espagne et les États-Unis, Alger continue d’en faire une question « libératrice », considérant tout soutien international au Maroc comme une tentative de saper son influence régionale et de l’isoler diplomatiquement.

La rédaction.

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