L’Algérie a commencé à envoyer des signaux successifs en vue de rétablir ses relations tendues avec plusieurs pays de son environnement régional, notamment la France au nord et le Mali au sud, après des tensions inédites au cours des deux dernières années. Les relations avec Paris se sont détériorées en raison du soutien de la France à la souveraineté marocaine sur le Sahara, tandis que les liens avec Bamako ont été marqués par des accusations du Mali concernant une ingérence algérienne dans ses affaires intérieures et un soutien à des groupes armés séparatistes dans le nord du pays.
Dans ce contexte, l’Algérie a récemment salué les déclarations du nouveau ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, qui, lors d’une interview télévisée il y a moins de deux semaines, a évoqué la possibilité de rétablir les relations avec l’Algérie et a annoncé qu’il pourrait se rendre dans le pays à cette fin. Cette approche a été renforcée par des gestes positifs de l’Algérie, notamment la libération de l’écrivain Boualem Sansal, perçue comme un signe de volonté de détente.
Des observateurs des relations franco-algériennes estiment qu’il existe actuellement en Algérie une volonté générale de tourner la page avec la France, dans le cadre d’une nouvelle politique visant à sortir du cercle des crises qui ont affecté le pays ces dernières années avec plusieurs voisins, dont la France, l’Espagne, certains pays du Sahel et des acteurs en Libye, ainsi que le conflit permanent avec le Maroc.
Cette tendance est également soutenue par un changement de ton dans le discours algérien, qui était marqué par l’escalade depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, contrairement à l’époque du défunt Abdelaziz Bouteflika. Ce changement se reflète aussi dans les relations avec le Mali, interrompues politiquement et diplomatiquement après que l’Algérie ait abattu un drone malien prétendument entré dans son espace aérien ces derniers mois.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a récemment déclaré que son pays « tend la main à ses frères du Mali », soulignant que cette démarche est motivée par la « communauté de l’héritage historique et du destin partagé », ainsi que par le souci constant de l’Algérie de contribuer à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité de son voisinage régional.
À ce jour, Bamako n’a pas encore répondu à cette initiative diplomatique, alors que les relations bilatérales restent au plus bas après plusieurs différends, dont un affrontement inédit à l’Assemblée générale des Nations unies et le retrait mutuel des ambassadeurs, ainsi que l’opposition du Mali aux consultations de l’Algérie avec les séparatistes touaregs et l’accueil d’un de leurs leaders.
Les médias ont déjà souligné que la politique d’escalade adoptée par l’Algérie ces dernières années n’a rapporté aucun bénéfice et a suscité des critiques internes, notamment de la part de partis comme le Mouvement de la société pour la paix, qui ont dénoncé l’isolement régional causé par cette stratégie.
On rappelle que la crise avec l’Espagne, qui a duré 19 mois en raison du soutien de Madrid à l’autonomie du Sahara marocain, a coûté à l’Algérie des pertes économiques et politiques et l’a contrainte à revenir sur sa politique d’escalade sans obtenir les gains escomptés, notamment convaincre l’Espagne de revoir sa position sur le Sahara.



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