L’agence russe de contrôle agricole à Kaliningrad a annoncé l’interdiction d’une nouvelle cargaison de tomates marocaines après la confirmation en laboratoire de la présence de trois virus réglementés particulièrement dangereux. Cette mesure reflète l’élargissement du dispositif de surveillance mis en place par Moscou pour protéger sa production agricole contre des maladies détectées dans des importations en provenance du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie.
Selon les données officielles, les inspecteurs du dépôt douanier СВХ Sirius ont examiné une cargaison de cinq tonnes de fruits et légumes marocains, avant que les analyses ne révèlent l’infection de 0,6 tonne par trois virus: le ToBRFV, le PepMV et le TSWV. Le rapport du laboratoire fédéral de recherche en santé végétale a confirmé de manière définitive l’infection et l’interdiction totale de l’entrée de la cargaison sur le marché russe.
Cet incident ne peut toutefois être dissocié d’une dynamique observée depuis le début de 2025. Des sites russes comme Bezformata, New Kaliningrad et MK Kaliningrad montrent un changement net dans la politique de contrôle russe.
En janvier, février et mars 2025, les autorités avaient détecté les premiers cas d’infection dans des cargaisons en provenance du Maroc, de la Turquie et de la Tunisie, considérés à l’époque comme des cas isolés. Mais la situation a évolué en avril lorsque l’agence a publié un premier avertissement évoquant une répétition des cas et appelant au renforcement des contrôles, marquant un tournant vers des analyses plus strictes et une implication accrue des laboratoires fédéraux.
En août, la situation s’est compliquée davantage après l’annonce par Argumenty i Fakty de la destruction de 19,5 tonnes de tomates turques infectées par le ToBRFV, signal fort de l’élargissement de l’approche russe à l’ensemble des pays fournisseurs.
À la fin septembre, le nombre d’infections déclarées a grimpé à 167 cas, touchant plusieurs cargaisons marocaines dans différents points d’entrée, notamment Kaliningrad, devenue un centre de surveillance des importations agricoles en provenance du sud de la Méditerranée. Ce développement a confirmé le passage de cas isolés à une tendance récurrente nécessitant une intervention quasi quotidienne.
En octobre, les chiffres ont augmenté à 175 cas après la détection de deux nouvelles cargaisons marocaines, avant que l’agence n’annonce début novembre 2025 un total annuel de 203 infections confirmées dans des cargaisons provenant du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie.
Cette chronologie dessine une nouvelle stratégie de contrôle fondée sur des procédures systématiques et des analyses en laboratoire rigoureuses. Bien que ces virus ne présentent aucun danger pour la santé humaine, ils peuvent provoquer entre 30 et 80 pour cent de pertes dans les serres russes de production de tomates, ce qui pousse Moscou à les considérer comme une menace directe pour la sécurité alimentaire.
Les données russes n’indiquent pas un ciblage commercial ou politique du Maroc, les mêmes mesures ayant touché des cargaisons turques et tunisiennes parfois entièrement détruites. Il s’agit donc davantage d’un durcissement général des contrôles que d’une mesure dirigée contre un pays en particulier.
Malgré l’accumulation des notifications russes, l’absence de réaction officielle marocaine demeure notable, aucune communication n’ayant été publiée par le ministère de l’Agriculture ou l’ONSSA concernant les chaînes de production ou les dispositifs de contrôle avant l’exportation, malgré les recherches effectuées par le journal.



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