L’affaire de la profanation de plusieurs exemplaires du Coran dans la mosquée du Puy-en-Velay a provoqué une vive indignation et une profonde inquiétude à travers le pays. En plein jour, un ou plusieurs individus ont arraché les livres sacrés de leurs étagères avant de les déchirer et de les jeter au sol. Aucun fidèle n’a été blessé, mais l’acte visait clairement un symbole religieux essentiel et la dignité d’une communauté déjà confrontée à un climat sociopolitique tendu.

Le Conseil français du culte musulman a réagi sans tarder, exprimant son soutien total aux fidèles et qualifiant l’incident d’acte islamophobe grave. Pour l’institution, il ne s’agit pas d’un simple vandalisme mais d’une attaque délibérée contre le cœur spirituel d’une religion, menée dans le but d’humilier et de provoquer.

Cet acte ne peut être dissocié d’un contexte décrit par de nombreux observateurs comme toxique. Depuis plusieurs années, une partie des citoyens musulmans vivent sous la pression d’un regard suspicieux et de discours politiques et médiatiques qui les stigmatisent ouvertement. Ce climat, nourri par des polémiques incessantes, crée un terrain propice à la banalisation des attitudes hostiles et à la répétition d’agressions symboliques ou physiques.

De nombreux spécialistes alertent sur les risques d’escalade. Si un livre sacré peut être profané aujourd’hui, qu’est-ce qui pourrait être visé demain. Une mosquée incendiée. Des fidèles agressés devant leur lieu de prière. Une mère voilée insultée en pleine rue. L’histoire montre que la haine progresse lorsque la société reste silencieuse ou indifférente.

Face à ces dérives, le CFCM appelle à renforcer la sécurité autour des mosquées, tout en soulignant que la réponse doit être avant tout morale et collective. La protection des lieux de culte, qu’il s’agisse d’églises, de synagogues ou de mosquées, constitue un devoir fondamental pour tout État qui se réclame de la laïcité et de l’égalité entre ses citoyens.

Dans ce contexte, respecter le Coran ne relève pas uniquement d’une obligation religieuse, mais d’un impératif civilisateur fondé sur le respect de l’autre. Ce n’est pas la déchirure d’un Coran qui fait vaciller la République, mais son incapacité à réagir et à garantir les droits fondamentaux de tous ses citoyens.