Algérie

Enquête exclusive: Albert Ebossé a été exécuté par les Services secrets algériens

Suite aux révélations explosives de Hichem Aboud sur l’assassinat ciblé du footballeur de la JSK Albert Ebossé, ordonné par le général Abdelhamid Ali Bendaoud chef du renseignement intérieur et du contre-espionnage, et exécuté sous la supervision de Djebbar M’henna, chef des services de renseignements militaires algériens à l’époque, nous avons mené notre propre enquête. Objectif : comprendre ce qui s’est réellement passé le soir du 23 août 2014, au stade du 1er Novembre à Tizi Ouzou.

La réponse fait froid dans le dos. L’analyse minutieuse des images et de l’autopsie réalisée au Cameroun, ne laisse place à aucun doute : Albert Ebossé a été exécuté par des agents en uniforme et en boucliers. Près de dix ans plus tard, la version officielle ne tient pas.

Pour la première fois, une enquête indépendante reconstitue milliseconde par milliseconde ce qui s’est réellement produit ce soir-là. Grâce aux témoignages d’experts médico-légaux, d’analystes, d’architectes et de spécialistes en biomécanique, ainsi qu’à des images inédites, une reconstitution médico-légale détaillée, et une modélisation 3D du tunnel du stade, une équipe d’enquêteurs a décrypté chaque blessure, chaque angle, chaque mouvement d’Albert Ebossé et des agents qui l’ont assassiné.

Leurs découvertes révèlent un scénario bien plus sombre que tout ce qui avait été imaginé.
Un crime planifié et délibéré. Une exécution à froid, orchestrée par le contre-espionnage algérien, et couverte par un enchaînement de complicités : médecins, dirigeants de la JSK, ministres, magistrats, médias.

Voici l’affaire que l’État et les services de contre-espionnage algériens ont tenté d’enterrer.
Et voici la reconstitution d’une histoire qui refuse de disparaître.

CINQ BLESSURES MAJEURES, AUCUN DOUTE POSSIBLE

L’autopsie pratiquée le Jeudi 1 Septembre 2014 à 16h00 à l’hôpital militaire de région de Douala par les docteurs André Mouné et Fabien Fouda révèle une série de traumatismes violents et localisés, incompatibles avec la thèse officielle -celle d’un jet de pierre ou morceau d’ardoise-:

  • Fracture du crâne à droite (zone fronto-pariétale),
  • Fracture de la base du crâne,
  • Écrasement et dislocation des deux premières vertèbres cervicales,
  • Luxation de l’épaule gauche,
  • Fracture de la clavicule gauche, avec un fragment d’os manquant

La fracture de la base du crâne, accompagnée de l’écrasement et de la dislocation des deux premières vertèbres cervicales (C1–C2), constitue la cause directe de la mort instantanée d’Albert Ebossé. Ce schéma lésionnel correspond à un traumatisme axial extrêmement violent, infligé de haut en bas, avec une transmission verticale d’énergie allant du sommet du crâne jusqu’à la colonne cervicale. Les scénarios compatibles incluent exclusivement :
– un coup porté à très courte distance avec un objet rigide et lourd (matraque, batte de baseball, barre métallique),
– ou une chute verticale sur la tête depuis une hauteur d’au moins 10 à 15 mètres, soit l’équivalent d’une chute libre depuis un 3ᵉ ou 4ᵉ étage.

Or, Albert Ebossé était debout, en tenue, à l’entrée du tunnel, à environ dix mètres des tribunes et séparé par une clôture de plus de 2,5 mètres de hauteur. Dans ces conditions, un jet de projectile depuis les gradins ne peut en aucun cas reproduire l’orientation traumatique observée, qui suit un vecteur strictement vertical : sommet du crâne → base du crâne → colonne cervicale. Les trajectoires naturelles des projectiles lancés à la main suivent des arcs obliques, avec dissipation progressive de l’énergie, rendant hautement improbable, voire physiquement incohérent, un impact perpendiculaire direct sur la couronne crânienne, avec transmission suffisante pour provoquer une fracture de la base et une luxation atlanto-axoïdienne.

Ebossé a reçu un coup sec sur la zone fronto-pariétale droite, provoquant une fracture du crâne à l’avant-droit. L’énergie de l’impact, extrêmement violente, s’est transmise à la base du crâne qu’elle a fracturée, puis a touché les deux premières vertèbres cervicales (C1–C2), entraînant leur fracture et leur luxation. Cette lésion a causé une décapitation interne et une mort instantanée. Quant à la luxation de l’épaule gauche, elle correspond à une clé de bras violente, dans laquelle le bras est brutalement tordu et tiré vers le haut derrière le dos. Ce mouvement forcé fait sortir la tête de l’os du bras (appelée tête de l’humérus) de son articulation à l’épaule (la cavité glénoïde), provoquant une luxation dite antéro-inférieure. Ce type de déboîtement survient surtout lorsque la manœuvre est appliquée avec force ou en torsion.

Localisation de la fracture de la clavicule gauche observée lors de l’autopsie: Un fragment d’environ 2 cm de l’os était manquant, et la clavicule n’était plus rattachée à son articulation (appelée articulation sternoclaviculaire), contrairement à la clavicule droite, restée intacte. Un impact à cet endroit peut entraîner une hémorragie interne massive, notamment en cas de rupture de l’artère subclavière ou de la veine brachiocéphalique, toutes deux situées à proximité immédiate.

Pour qu’un éclat d’ardoise ou une pierre atteigne un tel niveau de destruction osseuse, il faudrait une énergie d’impact supérieure à 50–80 joules, concentrée sur une zone réduite, avec tête immobilisée et point d’impact parfaitement aligné. Ce type d’énergie correspond à ce qu’on retrouve dans les accidents de la route, les chutes de grande hauteur ou les agressions volontaires à l’arme contondante. Il est donc exclu, à un degré de probabilité médico-légal quasi certain, qu’un objet lancé depuis les tribunes ait pu causer de telles lésions.

Ces blessures ne sont pas accidentelles. Elles sont spécifiques d’un acte intentionnel, exécuté à très faible distance, dans une logique de neutralisation immédiate, avec usage maîtrisé d’une force létale. En d’autres termes, elles relèvent d’un homicide volontaire avec préméditation.

Rapport d’autopsie effectuée le Jeudi 11 Septembre 2014 à Douala

LA VERSION OFFICIELLE ALGÉRIENNE NE TIENT PAS

Immédiatement après la mort d’Ebossé, tour à tour, les autorités ont parlé d’une pierre, d’un malaise, d’une glissade, d’un arrêt cardiaque, puis d’un éclat d’ardoise, tout sauf un homicide volontaire avec préméditation. Aucun de ces scénarios ne correspond aux conclusions de l’autopsie camerounaise, qui établit de manière précise et documentée (par écrit, photographies et radiographies), l’origine traumatique, brutale et létale des blessures.

À l’exception d’un communiqué, publié deux jours après sa mort par le parquet de la République près du tribunal de Tizi Ouzou, le 25 août 2014, et qui évoquait un “traumatisme causé par un objet contondant et tranchant ayant provoqué une hémorragie interne”, aucun élément médico-légal officiel n’a jamais été rendu public. Même la famille du joueur n’a reçu aucun compte rendu formel. C’est précisément ce vide, ce silence organisé, qui a poussé ses proches à demander une contre-autopsie indépendante au Cameroun le 04 Septembre 2014.

Afin de rendre publiques les conclusions de cette contre-autopsie, une conférence de presse a été organisée le samedi 13 décembre 2014 à l’hôtel Somatel de Douala, en présence des médecins camerounais, de la famille d’Albert Ebossé et de leurs avocats.

Me Jean-Jacques Bertrand, avocat français représentant les parents du joueur, déclara alors : « Nous disposons du rapport et des photos. Elles sont insoutenables. On ne peut croire à la thèse initiale en les voyant. »

Les conclusions du rapport, signées par les docteurs André Mouné et Fabien Fouda, sont claires : cinq blessures majeures ont été relevées, dont une fracture de la base du crâne, un écrasement des vertèbres cervicales, une fracture de la calotte crânienne, une luxation de l’épaule gauche et une fracture de la clavicule, avec perte d’un fragment osseux. Le Dr Mouné, dans ses déclarations, précisait que ces lésions « ne corroborent pas la thèse avancée dans un premier temps par les autorités algériennes, qui laissait croire que le joueur a été tué par un projectile lancé depuis les gradins ».

UNE CONTRE-AUTOPSIE QUI DÉRANGE

Face à cette remise en cause frontale, les autorités algériennes ont tenté de reprendre la main. Le 15 décembre 2014, le procureur général de Tizi Ouzou, Mohamed Tayeb Lazizi, affirmait que « l’avocat de la famille Ebossé aura toutes les explications – d’ici quelques jours – liées à cette affaire ». Quelques jours plus tard, le ministre de la Justice, Tayeb Louhdepuis arrêté pour corruption et condamné à huit ans de prison, notamment pour…falsification de procès-verbaux officiels — annonçait l’ouverture d’une information judiciaire. Il promettait alors qu’un juge d’instruction serait saisi et que « toute personne suspectée ou ayant manqué à sa mission serait poursuivie ».

Mais ces annonces n’ont été suivies d’aucun acte concret. Aucune image du tunnel — pourtant existante — n’a été prise en compte par les médias. Aucun rapport médico-légal complet n’a été publié par les autorités algériennes. Et surtout, aucun élément crédible n’est venu justifier la version officielle ni contredire la contre-autopsie camerounaise, pourtant étayée par des preuves matérielles et radiographiques. Ce déficit total de transparence, couplé à de graves incohérences chronologiques — certains évoquant une mort sur la pelouse, d’autres dans les vestiaires — a progressivement renforcé la conviction d’un récit fabriqué pour masquer une exécution.

Lorsque les médias internationaux commencent à s’interroger (BBC, The Guardian, Al Jazeera), ceux qui enquêtent en première ligne paient le prix fort: Mohamed Tamalt, l’un des premiers à évoquer un homicide prémédité dans l’affaire Ebossé, meurt en détention après trois mois de coma, consécutifs à une grève de la faim. Son dossier médical a été verrouillé. Christophe Gleizes, journaliste sportif français enquêtant sur les circonstances de la mort d’Ebossé pour un livre, est quant à lui condamné à sept ans de prison ferme en Juin 2025, par le tribunal de Tizi Ouzou, pour « apologie du terrorisme ».

Dans les deux cas, les journalistes n’ont été ni attaqués pour des actes, ni pour des preuves falsifiées: mais pour avoir osé enquêter là où l’État algérien refuse toute lumière.

Et c’est dans ce contexte que s’inscrivent les déclarations de Mohamed Tahmi, ministre des Sports algérien de l’époque. Intervenant sur une radio nationale, il déclarait le Mardi 23 Décembre 2014 : « Nous avons reçu une enquête administrative évoquant un homicide involontaire. Tous les joueurs présents dans le stade étaient visés par des projectiles, ce qui écarte la thèse d’un acte prémédité. L’affaire est désormais entre les mains de la justice, qui déterminera les responsabilités à assumer par les parties concernées. » Une prise de position précise et directe, qui, en l’absence de publication d’un rapport médico-légal complet et de tout élément nouveau étayant les conclusions avancées, a paradoxalement contribué à renforcer les soupçons quant à l’existence d’un récit institutionnel établi en amont, destiné à cadrer les faits selon une lecture strictement accidentelle, au détriment d’une transparence totale sur les circonstances exactes du drame.

Plutôt que d’apporter une réponse factuelle, argumentée et fondée sur des éléments médico-légaux pour contester le rapport camerounais, les autorités algériennes ont opté pour le mépris publique. Le 26 décembre 2014, le Pr Brahim Boulassel, chef du service de médecine légale de Tizi-Ouzou, est allé jusqu’à remettre publiquement en question la compétence des médecins camerounais, déclarant: « L’expertise thanatologique (autoptique) effectuée par les médecins camerounais ne reflète pas la réalité des choses. Les constatations décrites ne sont pas objectives et ne répondent pas aux normes internationales de pratique en matière d’autopsie médico-légale, ni aux exigences attendues par le parquet requérant, surtout en matière de mort subite, suspecte ou violente. » Il ajoutait même : « L’ouverture des cavités faite par un anatomopathologiste est une chose, mais l’interprétation des résultats faite par un médecin légiste requis est une autre chose. » Cette attaque personnelle et institutionnelle visait non seulement à discréditer la contre-autopsie, mais aussi à détourner l’attention de l’absence totale de transparence et de documentation légale de la part des autorités algériennes elles-mêmes.

Bien que le Pr Abbès Ziri ait publiquement reconnu un « traumatisme cervical violent » lors de l’admission d’Albert Ebossé à l’hôpital de Tizi-Ouzou — ce qui correspond en apparence à la réalité anatomopathologique — son rôle demeure central dans la falsification médico-légale qui a suivi. Plusieurs éléments permettent de mettre en cause sa responsabilité directe dans l’opération de dissimulation : abstention volontaire de produire les preuves décisives, rétention des radiographies et des données lésionnelles, et absence totale de rapport autopsique complet. En tant que directeur de l’établissement, son silence institutionnel équivaut à une complicité par omission active.

Ce même médecin est par ailleurs au cœur de nombreuses accusations internes et publiques pour corruption systémique, favoritisme dans l’attribution des marchés publics, détournement de ressources hospitalières à des fins personnelles, et harcèlement sexuel répété à l’encontre du personnel féminin.


À gauche: Pr Brahim Boulassel, chef du service de médecine légale de Tizi-Ouzou,
À droite: Pr Abbès Ziri, Directeur de l’hôpital de Tizi-Ouzou, au moment de la mort d’Ebossé.

La présence du Général-Major Abdelhamid Ali Bendaoud, alors chef du renseignement intérieur et du contre-espionnage algérien (DSI), dans la morgue au moment précis où le corps d’Albert Ebossé s’apprêtait à être transféré vers un hôpital militaire soulève de lourdes interrogations. Son attitude autoritaire, est suivi par un de ses agents en civil, contraste fortement avec la nervosité apparente du professeur Abbès Ziri, directeur de l’hôpital, qui semble davantage se comporter en subordonné qu’en médecin indépendant. Cette scène, diffusée sur El Haddaf TV, suggère clairement que la situation n’était plus entre les mains des autorités civiles ou médicales, mais sous le contrôle direct des services de renseignements intérieurs et du contre-espionnage. Dans un contexte normal, une telle implication des services de sécurité dans une procédure médico-légale serait incompréhensible, sauf si l’État cherchait à gérer, contenir ou dissimuler une vérité dérangeante. La mort d’Albert Ebossé n’est pas un accident de stade, mais un homicide volontaire avec préméditation maquillé, orchestré puis couvert par le Général-Major Abdelhamid Ali Bendaoud.

UN SILENCE ORGANISÉ

Un autre élément troublant mérite d’être souligné : deux joueurs de la JS Kabylie, Jugurtha Meftah (n°15) et Nabil Mazari (n°25), sont clairement visibles à l’entrée du tunnel. Ils assistent à la scène, voient Albert Ebossé à terre, inerte. Pourtant, à ce jour, aucun des deux n’a livré de témoignage public. Ce silence prolongé ne peut qu’interpeller. Quant à Ali Rial (n°5), il devançait Ebossé de quelques pas au moment de pénétrer dans le tunnel. Un agent en uniforme s’interpose alors, formant avec cinq autres policiers un véritable étau autour d’Ebossé. L’instant suivant, le joueur s’effondre lourdement. En Janvier 2019, l’ex-président du club, Mohand Chérif Hannachi, affirmait sur El Djazairia One « ne rien savoir » des circonstances exactes, et qu’Ebossé “l’appelait Papa”. Pourtant, les caméras d’El Haddaf TV et de l’ENTV filmaient directement dans l’axe du tunnel. Les images montrent clairement l’instant où Ebossé s’effondre, entouré d’agents en boucliers. Difficile de croire que ces séquences n’aient été visionnées par des journalistes, des cadreurs, des techniciens, ou même des membres du staff. Et pourtant, depuis dix ans : aucun mot, aucun témoignage. Pas même une question publique. Comment expliquer un tel silence collectif ?

Jugurtha Meftah (n°15) et Nabil Mazari (n°25), sont visibles à l’entrée du tunnel. Ils voient Ebossé à terre, inerte.

Le père d’Albert Ebossé, André Bodjongo, a déclaré n’avoir reçu qu’un seul appel du président de la JS Kabylie, Mohand Chérif Hannachi, le jour du décès de son fils. Selon lui, aucun représentant du club n’était présent lors de l’inhumation, et aucun membre de la JSK n’a pris contact avec la famille depuis. Il affirme également avoir été surpris par l’absence personnelle d’Hannachi lors des funérailles, malgré l’envoi d’une délégation annoncée comme représentant le club. De son côté, Hannachi indiquait avoir mandaté des représentants de la Fédération algérienne, du Comité olympique et de la JSK, précisant que l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun Toufik Milat était également présent et qu’une contribution financière de 15 000 euros avait été versée pour les obsèques. La présence d’un diplomate de haut rang, en lieu et place des responsables directs du club, ainsi que le recours exclusif à des intermédiaires institutionnels, posent la question des conditions dans lesquelles la JSK a été autorisée — ou non — à s’exprimer ou à intervenir dans ce dossier.

La dépouille d’Ebossé à l’aéroport de Douala, on y voit l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun Toufik Milat, le 29 Août 2014.

L’ANALYSE DES IMAGES DE L’ASSASSINAT D’EBOSSÉ

La séquence d’images retrace les dernières secondes de vie d’Ebossé, selon un ordre de lecture allant de haut gauche à bas droite :

  1. Signal préalable: Un officier semble faire un signe de doigt pointant vers Ebossé tout en établissant un contact visuel avec ses agents.
  2. Mise en position: Deux agents anti-émeute se placent de part et d’autre d’Albert Ebossé, créant ainsi un couloir pour lui permettre de passer.
  3. Encerclement: les officiers se resserrent soudainement, piégeant Ebossé dans un mouvement de pince contrôlé, pris en étau Ebossé n’a aucune possibilité de sortie.
  4. Clé de bras: l’agent de gauche saisit le bras gauche d’Ebossé et applique une clé derrière le dos. Ebossé se contorsionne, tourne la tête, visiblement surpris et en douleur, tandis que l’agent de droite garde son bras dissimulé derrière son bouclier.
  5. Préparation au coup: L’agent de droite sort son bras de derrière le bouclier et le lève en hauteur.
  6. Coup porté: le bras de l’agent redescend brutalement ; un objet semble être tenu en main au moment de l’impact.
  7. Effondrement: Ebossé s’écroule violemment au sol sous la force du coup.
  8. Effacement immédiat: l’agent qui a porté le coup disparaît dans le tunnel pendant que d’autres agents se positionnent pour bloquer la vue.
  9. Présence de témoins: les joueurs de la JSK Jugurtha Meftah (n°15) et Nabil Mazari (n°25) sont visibles à l’entrée du tunnel, observant Ebossé au sol, inerte.

L’ENDROIT PRÉCIS DE LA MORT D’EBOSSÉ

Ebossé n’est pas mort sur le terrain, ni dans les vestiaires ; il est décédé sur le coup à l’entrée du tunnel encerclé au contact corps-à-corps par au moins 6 agents de la police anti-émeutes en boucliers. On le voit clairement sur l’image 1, face à la foule. S’il avait été la cible de projectiles, c’est à ce moment-là que cela aurait pu arriver. Pourtant, on l’aperçoit saluant calmement les supporters, qui chantent des slogans en son honneur. Il semble détendu, leur adressant même un geste de cœur 🫶🏻 avec les mains. La photo montre aussi à quel point les clôtures sont hautes (au moins 2,5 mètres) et la distance qui sépare les gradins de l’entrée du tunnel (environ 10 mètres). Dans ces conditions, il est pratiquement impossible qu’Ebossé ait pu être tué par un projectile lancé depuis les tribunes alors qu’il se trouvait déjà sous le tunnel.

LA MORT D’EBOSSÉ, UN CAS UNIQUE DANS LE MONDE

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Albert Ebossé reste, à ce jour, le seul joueur professionnel au monde officiellement mort sur un terrain de football à la suite d’un projectile lancé depuis les tribunes. Lors de nos investigations dans les archives de la FIFA, la presse spécialisée ou généraliste multilingue, ni dans les bases de données, Wikipédia, n’a permis d’identifier un cas équivalent au cours des 100 années passées. D’autres joueurs, de Dida (2005) à Cristiano Biraghi (2023), en passant par Lionel Messi (2008) et Rio Ferdinand (2012), ont été touchés par des projectiles au cours de rencontres officielles. Tous ont subi des blessures légères, sans gravité ni conséquences vitales. Aucun n’est mort.

Ce que l’histoire retiendra, donc, ce n’est pas la rareté de l’acte, mais son caractère unique, dans sa violence, dans sa désinformation, et dans son silence. À la lumière des éléments médico-légaux disponibles, des témoignages recueillis et des faits observables, notamment les blessures incompatibles avec la version officielle algérienne, la gestion opaque des images, l’absence de rapport médico-légal complet en Algérie, le silence institutionnalisé autour du club, et l’intervention directe des services de sécurité algériens, il ne fait plus aucun doute, aujourd’hui, que la mort d’Albert Ebossé ne relève ni de l’accident, ni de l’improvisation. Elle constitue un homicide volontaire avec préméditation, exécuté dans un cadre organisé, sous la responsabilité d’agents en uniforme et en boucliers, et couvert a posteriori par les services algériens.

Par: Abderrahmane Fares.

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