Alors que quatre pays africains le Burkina Faso, le Mozambique, le Nigeria et l’Afrique du Sud viennent d’être retirés de la “liste grise” du Groupe d’action financière (GAFI), l’Algérie demeure sous surveillance renforcée de cette organisation internationale chargée de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

À l’issue de sa réunion plénière du 25 octobre 2025 à Paris, le GAFI a salué « une réussite continentale exceptionnelle », selon les mots de sa présidente Elisa de Anda Madrazo.
Une réussite dont l’Algérie ne fait pas partie.

Des réformes encore inachevées

Pour Alger, ce maintien sur la liste grise signifie que les faiblesses de son dispositif national persistent, et que les mesures prévues dans son plan d’action doivent encore être mises en œuvre.

En comparaison, les pays africains récemment retirés de la liste ont accompli des progrès structurels majeurs :

  • Amélioration des outils de détection des flux suspects en Afrique du Sud,

  • Renforcement de la coordination interinstitutionnelle au Nigeria,

  • Partage plus efficace des renseignements financiers au Mozambique,

  • Supervision accrue des secteurs à risque au Burkina Faso.

Des impacts économiques et réputationnels

Le maintien de l’Algérie sur cette liste implique une vigilance accrue de la part des partenaires financiers internationaux vis-à-vis de ses transactions.
Concrètement, cela se traduit par :

  • des délais plus longs lors des opérations bancaires,

  • des contrôles renforcés,

  • et une perception de risque plus élevée chez les investisseurs.

Ce que le GAFI attend encore de l’Algérie

Pour espérer rejoindre la catégorie des pays pleinement conformes, l’Algérie doit accélérer ses réformes dans plusieurs domaines essentiels :

  • Identifier les bénéficiaires effectifs des entreprises et structures juridiques,

  • Renforcer la supervision des activités non financières sensibles,

  • Améliorer la transparence des flux transfrontaliers,

  • et sanctionner plus fermement les entités exposées au risque de blanchiment et de financement du terrorisme.

Selon le GAFI, la mise sous surveillance n’est pas une sanction, mais le résultat d’un engagement du pays à combler rapidement ses lacunes.
L’organisation affirme toutefois attendre des résultats concrets de la part d’Alger.

Menaces émergentes

Le GAFI a également mis en garde contre l’usage criminel de l’intelligence artificielle générative, notamment les “deepfakes”, utilisés pour faciliter des escroqueries financières sophistiquées à l’échelle mondiale.

Encadré — Historique : l’Algérie et le GAFI

Année Événement
2003 Inscription sur la liste noire en tant que pays non coopératif dans la lutte contre le blanchiment.
2006 Retrait de la liste noire après des engagements pour renforcer la supervision financière.
2011 – 2015 Surveillance rapprochée : réformes juridiques entamées mais application jugée insuffisante.
2016 – 2022 Hors des listes : progrès notables en matière de conformité.
2023 Retour sur la liste grise : faiblesses persistantes dans les secteurs non bancaires et les transferts informels.
2025 Maintien sur la liste grise : recommandations toujours partiellement appliquées.

Un avertissement clair pour Alger

Ce maintien constitue un signal fort adressé à l’Algérie :
les réformes partielles ne suffisent plus.
Le pays doit désormais mettre en œuvre de manière effective et transparente les normes internationales afin de rétablir la confiance de la communauté financière mondiale.