Abla Gmari, jeune militante originaire de Touggourt, s’est imposée comme l’une des figures féminines les plus engagées dans la défense des droits humains et la lutte contre la corruption en Algérie. Par ses actions de terrain et ses initiatives solidaires, allant des campagnes de nettoyage des quartiers au soutien des réfugiés africains, elle a incarné l’image d’une femme algérienne forte, volontaire et présente au service de sa communauté malgré les tentatives d’étouffement.
Malgré le caractère pacifique de son engagement, Abla a subi une répression sévère. Le 25 septembre 2024, elle a été arrêtée sur son lieu de travail dans une agence bancaire. Le juge d’instruction du tribunal de Ouargla a ordonné la levée du contrôle judiciaire et son placement en détention provisoire à la prison de Hassi Ben Abdallah. Tout avait commencé le 10 septembre 2024 lors de l’ouverture d’une enquête à son encontre à cause de publications et de vidéos diffusées sur Facebook. Des accusations lourdes et souvent mobilisées pour réduire au silence les voix critiques lui ont été imputées, parmi lesquelles l’apologie d’actes terroristes, la diffusion d’idées liées à un groupe terroriste, l’offense au président de la République et la création d’un compte diffusant un discours incitant à la discrimination et à la haine. Des charges basées sur des textes juridiques vagues fréquemment utilisés pour restreindre la liberté d’expression.
Le 11 décembre 2024, le juge d’instruction a prononcé un non-lieu partiel en annulant les accusations criminelles et a renvoyé l’affaire devant le tribunal correctionnel. Malgré cela, le tribunal a condamné Abla le 6 janvier 2025 à trois ans de prison ferme. La cour d’appel de Ouargla a réduit la peine le 16 février 2025 à trois ans dont une année avec sursis.
L’affaire d’Abla Gmari illustre l’ampleur des restrictions auxquelles sont confrontées les défenseuses des droits humains en Algérie, en particulier les femmes engagées à la fois dans l’action citoyenne et humanitaire. Le plus préoccupant reste le message implicite transmis par cette situation. Une femme qui élève la voix se retrouve poursuivie au lieu d’être protégée. Cela traduit un recul sérieux dans la protection des femmes contre toutes les formes de violence, y compris la violence judiciaire et institutionnelle visant à faire taire les militantes.
La poursuite de l’affaire d’Abla ne concerne pas uniquement sa liberté individuelle. Elle remet en cause le droit de chaque femme algérienne à participer activement à la vie publique et à défendre les droits sans crainte de répression. Dans le cadre de la campagne Chouaa Libérez les Voix de la Liberté, il est réaffirmé que le militantisme pour les droits humains n’est pas un crime et que la protection des femmes défenseures constitue un devoir moral et légal qui ne doit souffrir aucun recul.



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