Par : Amina Ibn Cheikh Oukdourt
Sommes-nous condamnés, au sein du mouvement amazigh, à devoir constamment justifier notre existence militante et historique ? Est-il raisonnable que, à chaque étape et à chaque occasion, nous soyons contraints d’expliquer les raisons de chaque position ou action que nous entreprenons ? De clarifier les motivations derrière chaque acquis que nous obtenons ? Ou encore d’interpréter des faits sur lesquels la loi a déjà statué et que l’histoire a déjà enregistrés ?
La réponse est clairement non. Et les exemples à cet égard sont nombreux et variés.
À chaque fois, nous nous retrouvons dans l’obligation de défendre notre identité, comme si nous étions encore au tout début de notre parcours. Nous devons justifier notre attachement à notre langue, comme si elle n’existait pas depuis des millénaires. Nous devons expliquer l’usage de l’alphabet tifinagh, comme s’il venait d’être découvert.
Oui, nous avons toujours répondu avec confiance et sans complexe, chaque fois que nous avons été attaqués ou victimes de violences symboliques ou politiques visant nos convictions et nos idéaux.
Oui, depuis des décennies, nous défendons nos droits et les acquis arrachés grâce à un combat jalonné de lourds sacrifices. Et nous acceptons cela dans le cadre de notre lutte, en tant que tribut légitime du militantisme.
Mais ce que nous ne saurions accepter aujourd’hui, c’est de voir surgir des individus qui prétendent avoir récemment « découvert » leurs origines amazighes, et qui se permettent aussitôt de lancer des flèches de doute envers les symboles de notre lutte, qu’ils soient vivants, disparus ou tombés en martyrs.
Mettre en doute l’histoire de ces figures, la conscience de notre mouvement et la sincérité de ses sacrifices, est un comportement irresponsable, révélateur d’une superficialité et d’une ignorance de l’histoire. C’est même une tentative délibérée de miner notre détermination, de semer la confusion dans nos rangs et de porter atteinte à notre crédibilité.
Nous le disons clairement : nous ne le permettrons pas. Nous ne sommes pas en position de nous justifier, et nous ne sommes pas tenus d’expliquer chacune de nos démarches. Notre lutte est légitime, continue, et repose sur des fondements solides : l’histoire, la légitimité et la justice.
Nous ne répondrons pas par les mêmes méthodes, mais nous poursuivrons notre combat avec plus de détermination, plus de clarté, et une volonté inébranlable.