Le Fonds monétaire international (FMI) a averti que l’économie algérienne fait face à de sérieux défis en raison du déficit budgétaire persistant et de l’augmentation de la dette publique, soulignant que ces facteurs accentuent la vulnérabilité de l’économie et réduisent la capacité du pays à faire face aux chocs externes, notamment la volatilité des prix des hydrocarbures.
Cet avertissement fait suite à la mission du FMI en Algérie en juin 2025, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV. Le rapport insiste sur la nécessité d’une réforme urgente et progressive des politiques financières pour renforcer la résilience financière et reconstruire des marges de sécurité, en mettant l’accent sur la stabilité des prix et la flexibilité du taux de change.
L’économie algérienne a enregistré un ralentissement de sa croissance à 3,6 % en 2024 contre 4,1 % en 2023, en raison des réductions de production décidées par l’OPEP+, malgré une croissance soutenue de 4,2 % du secteur non pétrolier. Parallèlement, la balance courante a enregistré un déficit en raison de la baisse de la production et des prix du gaz, bien que les réserves internationales restent solides à 67,8 milliards de dollars, soit 14 mois d’importations.
L’inflation a fortement diminué pour atteindre 4 % en 2024 contre 9,3 % en 2023, principalement grâce à la baisse des prix alimentaires, tandis que la politique monétaire est restée accommodante au premier semestre 2025. Cependant, le déficit budgétaire s’est creusé à 13,9 % du PIB, sous l’effet de la baisse des recettes pétrolières et de l’augmentation des dépenses liées aux salaires et aux investissements, et devrait rester élevé en 2025.
Le FMI avertit que ces pressions financières croissantes pourraient entraîner de lourdes contraintes de financement et une hausse de la dette publique à moyen terme, notamment dans un contexte d’incertitudes mondiales persistantes, de volatilité des prix des hydrocarbures et de tensions géopolitiques susceptibles d’affecter négativement les exportations et les investissements.
Le rapport souligne que la persistance du déficit budgétaire menace la soutenabilité de la dette publique et approfondit les liens financiers entre le gouvernement, les institutions publiques et les banques publiques. Toutefois, il laisse entrevoir une amélioration des perspectives économiques à condition que les réformes structurelles et les programmes gouvernementaux soient mis en œuvre efficacement.
La mission recommande un rééquilibrage budgétaire progressif pour contenir les besoins de financement croissants dus au déficit important et à la baisse des prix des hydrocarbures, tout en renforçant la résilience financière et la stabilité de la dette publique. Elle insiste également sur la nécessité de maintenir la politique monétaire orientée vers le contrôle de l’inflation et la surveillance du secteur financier, ainsi que sur l’augmentation de la flexibilité du taux de change pour améliorer la capacité de l’économie à absorber les chocs externes.
À moyen terme, le FMI appelle à faire des réformes structurelles une priorité, en renforçant la durabilité des finances publiques, en stimulant l’investissement privé pour promouvoir une croissance inclusive et la création d’emplois, en réformant les systèmes de subvention pour rationaliser les dépenses, en améliorant l’efficacité des investissements publics et en renforçant la gouvernance dans les institutions publiques afin de réduire les risques financiers.
La rédaction.