Société et Culture

Cheb Mami au Festival de Hammamet : la rédemption en débat

L’annonce de la participation de Cheb Mami à la 59ᵉ édition du Festival international de Hammamet a déclenché une vive controverse en Tunisie. Prévu pour se produire le 8 août prochain, le chanteur algérien, figure historique du raï, est loin de faire l’unanimité. En cause : son passé judiciaire, qui ravive les tensions entre partisans de la réhabilitation et défenseurs d’une exigence éthique dans l’espace public.

Si les billets pour son concert se sont vendus rapidement, témoignant de l’engouement populaire autour de l’artiste, la polémique n’a pas tardé à enfler. Le collectif féministe « Ana Zeda », très actif dans les luttes contre les violences faites aux femmes, a appelé au boycott de la soirée. Dans un communiqué, le groupe dénonce une « normalisation des violences sexuelles et conjugales », rappelant que Cheb Mami a été condamné en 2009 à cinq ans de prison par la justice française pour des faits de violences envers son ex-compagne. Il avait été libéré en 2011 après avoir purgé une partie de sa peine.

Un choix artistique sous tension La direction du Festival de Hammamet, de son côté, assume pleinement la présence du chanteur dans sa programmation. Elle défend un « choix artistique », affirmant que l’artiste a payé sa dette à la justice et qu’il serait injuste de le condamner indéfiniment.

Mais cette position ne convainc pas tout le monde. La polémique dépasse la simple programmation pour réactiver un débat de fond : peut-on et doit-on dissocier l’homme de l’artiste ? La scène culturelle est-elle un espace de neutralité artistique ou un lieu où la responsabilité éthique et sociale doit primer ?

Un débat qui traverse les frontières Cette affaire s’inscrit dans un débat plus large qui agite l’espace culturel maghrébin et international. Elle renvoie à des tensions de plus en plus vives entre exigence morale, mémoire des violences faites aux femmes, et droit à la réinsertion. En Tunisie comme ailleurs, les lignes sont mouvantes, et les positions souvent irréconciliables.

Cheb Mami, adulé pour ses chansons, demeure ainsi un artiste controversé, symbole d’une fracture culturelle entre la reconnaissance du talent et le refus de l’impunité symbolique.

La rédaction.

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