Politique

Assistons-nous à la fin du pari maghrébin et au début du choix de l’alliance atlantique ?

Un groupement parlementaire réunissant le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie...

La capitale sénégalaise, Dakar, a accueilli lundi dernier l’annonce officielle de la création d’un nouveau groupement parlementaire regroupant le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie. Cette initiative a suscité un vif intérêt médiatique dans ces pays et a été décrite comme une étape importante vers le renforcement de la coopération législative et régionale.

Cette annonce a été faite lors de la clôture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale sénégalaise (2024-2025), événement qui a servi de plateforme pour souligner l’engagement des parlements membres à coordonner leurs efforts face aux défis communs, qu’ils soient liés à la sécurité, au développement ou au changement climatique.

Les représentants des quatre parlements ont salué cette initiative. Le parlementaire marocain Abdelmajid El Fassi El Fahri a notamment mis en avant la profondeur des relations stratégiques entre le Maroc et le Sénégal, soulignant que ce groupement renforce la coordination politique et législative pour faire face aux défis internationaux croissants.

Une initiative parlementaire aux implications plus profondes

Ce nouveau groupement traduit une volonté marocaine d’affirmer la présence du royaume en Afrique de l’Ouest comme un choix stratégique alternatif, face à l’immobilisme dont souffre l’Union du Maghreb arabe depuis sa création en 1989, et à son échec à jouer son rôle historique, en raison du conflit prolongé entre le Maroc et l’Algérie qui dure depuis plus de cinq décennies, avec la question du Sahara en son cœur.

L’adhésion de pays comme le Sénégal et la Gambie, connus pour leur soutien affirmé à la souveraineté marocaine sur le Sahara, confère à ce groupement une importante impulsion politique, constituant ainsi le noyau d’une nouvelle alliance régionale fondée sur les enjeux de sécurité, de développement, de stabilité et de respect de l’intégrité territoriale.

L’intégration de la Mauritanie soulève par ailleurs des questions quant à la possibilité d’un réalignement régional de Nouakchott vers Rabat, malgré ce que l’on qualifie de « neutralité positive » dans le dossier du conflit saharien, position déjà exprimée par son président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dans une interview accordée au journal français Le Figaro en septembre 2023.

Un substitut à l’Union du Maghreb ?

Les éléments accumulés indiquent une évolution progressive des priorités marocaines. Alors que Rabat a longtemps soutenu l’activation de l’Union du Maghreb arabe, elle semble désormais chercher des espaces plus réceptifs à sa vision stratégique. Cela s’est notamment confirmé avec le lancement de l’initiative visant à intégrer les pays du Sahel à l’océan Atlantique, afin de renforcer l’intégration régionale et promouvoir le développement durable dans une zone où les intérêts convergent autour de plusieurs dossiers.

Cela ne signifie toutefois pas un abandon du projet maghrébin. Le roi Mohammed VI a à plusieurs reprises réaffirmé son attachement aux principes fondateurs de l’Union du Maghreb arabe, perçue comme un choix unitaire issu d’une histoire commune et d’un destin partagé. Cependant, l’impasse politique régionale a poussé Rabat à s’ouvrir à des alternatives et à des initiatives pragmatiques pour servir au mieux ses intérêts, en ouvrant sans doute une nouvelle page avec les pays du Sud atlantique, sans pour autant tourner définitivement le dos au Maghreb.

Le regroupement parlementaire quadripartite entre le Maroc, le Sénégal, la Mauritanie et la Gambie se présente comme une nouvelle option pour créer un type d’union politique et économique. D’autant que Rabat a déjà cherché à rejoindre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en février 2017, sans recevoir de réponse à ce jour, avant que cette organisation ne soit fragilisée par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso en 2024, qui ont formé la Confédération du Sahel.

Le gazoduc et la boussole atlantique

Au-delà de la dimension parlementaire, ce groupement ne peut être dissocié des grands changements que conduit Rabat en Afrique subsaharienne, en particulier en Afrique de l’Ouest. Cette initiative parlementaire s’inscrit en effet comme la continuité naturelle d’une série de projets géostratégiques et économiques supervisés par le Maroc, qui traduisent une vision intégrée de construction d’un espace régional cohérent, centré sur le développement et la croissance économique.

Parmi ces projets, le gazoduc Nigéria-Maroc, qui traverse la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, est appelé à devenir un moteur énergétique pour toute la région, et une base solide pour une intégration économique transfrontalière. S’y ajoute l’initiative des pays atlantiques africains lancée par le roi Mohammed VI en 2022, visant à faire de la côte atlantique africaine un espace unifié de coopération et de développement, renforçant ainsi la présence de l’Afrique dans les équilibres géopolitiques mondiaux.

Le gazoduc appelé « Atlantique Africain » est devenu une priorité pour plusieurs pays de la région, notamment avec l’annonce du début de l’exploitation du gaz par la Mauritanie et le Sénégal dans le cadre du projet frontalier Grand Tortue – Ahmeyim, à compter du 31 décembre 2024, conformément à ce qu’a déclaré Leila Benali, ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, en mai de la même année, lors du lancement de la première phase du projet dans ces deux pays.

La rédaction.

Un commentaire

  1. très Bonne initiative qui devait être lancée depuis longtemps car le pari Maghrébin était un piège a con Afin que rien ne se face Bref Bonne contiuation pour cette belle initiative

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