Dans une démarche soulignant l’intérêt du gouvernement espagnol pour renforcer sa présence à Ceuta, le Premier ministre Pedro Sánchez prévoit une visite officielle dans cette ville dont la souveraineté est contestée par le Maroc, le 13 novembre prochain, afin d’inaugurer la nouvelle station maritime, l’un des principaux projets d’investissement financés par l’État espagnol dans la ville ces dernières années.

Selon le journal El Faro de Ceuta, les travaux de la station maritime sont arrivés à leurs dernières étapes, mais Sánchez a choisi de visiter le site avant l’achèvement complet du projet, en raison de son agenda politique chargé. Le journal précise que la coordination sécuritaire et protocolaire a déjà commencé entre la délégation du gouvernement central et la direction du port de Ceuta, en préparation de l’événement, qui devrait bénéficier d’une large couverture médiatique.

La nouvelle station maritime de Ceuta revêt une symbolique particulière pour le gouvernement socialiste, puisqu’elle représente l’un des principaux projets sur lesquels Madrid a misé pour renforcer sa présence économique dans la ville, alors que de nombreux responsables politiques et acteurs économiques locaux se plaignent de ce qu’ils qualifient de « blocus » marocain sur les échanges commerciaux via le poste frontière terrestre.

Le projet, dont le budget s’élève à plusieurs millions d’euros, s’inscrit dans le cadre d’un plan plus large visant à moderniser les infrastructures portuaires et à renforcer la liaison maritime entre Ceuta et la péninsule espagnole, reflétant la volonté du gouvernement d’intégrer davantage la ville dans le tissu économique national et de réduire sa dépendance commerciale vis-à-vis du Maghreb.

Cette visite prévue sera la troisième de Pedro Sánchez depuis sa prise de fonctions à la présidence du gouvernement espagnol, témoignant de son intérêt personnel et répété pour cette ville méditerranéenne. En 2023, Sánchez avait déjà visité Ceuta pour inaugurer un centre de santé moderne dans le quartier de « Tarajal », pour un budget d’environ six millions d’euros, tandis que sa première visite remonte à mai 2021, lors d’une crise migratoire qui avait vu affluer des milliers de migrants depuis le Maroc, provoquant un large retentissement diplomatique à une période de forte tension dans les relations hispano-marocaines.

El Faro de Ceuta souligne que Sánchez est le Premier ministre espagnol ayant le plus visité Ceuta, signal clair de sa volonté d’affirmer la présence de l’État central dans les deux villes occupées, Ceuta et Melilla, qui bénéficient d’un statut administratif particulier au sein du système régional espagnol. Les détails officiels du programme de la visite n’ont pas encore été annoncés, notamment quant à d’éventuelles rencontres avec les autorités locales ou des visites sur le nouveau port.

Cette visite intervient dans un contexte régional marqué par un calme relatif dans les relations entre le Maroc et l’Espagne, après une période de tensions précédant la normalisation de la coopération dans les domaines de l’immigration, des ports et des échanges commerciaux via les postes frontaliers, ainsi que les efforts du gouvernement espagnol pour intégrer davantage Ceuta et Melilla dans le système économique espagnol et renforcer leur lien avec Madrid.

Bien que la visite ait un caractère économique et technique, les déplacements des responsables espagnols dans ces villes, dont le Maroc revendique la souveraineté, continuent de susciter une sensibilité particulière à Rabat, qui considère Ceuta et Melilla comme des enclaves marocaines sous occupation espagnole depuis des siècles, un dossier que le royaume préfère maintenir ouvert sans escalade politique ou médiatique.