Selon une enquête publiée par La Vanguardia le 28 octobre 2025, l’hôtel El Palace de Barcelone — l’ancien Ritz et le plus vieux cinq étoiles de la ville détenu par Ali Haddad— est devenu, depuis le 1ᵉʳ août 2025, propriété du Fonds national d’investissement (FNI) d’Algérie. Le transfert s’est effectué par le mécanisme espagnol de la “dación en pago” : un débiteur remet un bien à son créancier pour éteindre une dette. Ali Haddad, ancien chef du FCE et de l’ETRHB aujourd’hui emprisonné, a ainsi cédé l’hôtel pour régler une créance tandis que le FNI a repris une dette hypothécaire de 26 millions d’euros contractée auprès de Banco Santander, et en assumera le paiement. L’acte a été signé devant notaire et transmis au Registro de la Propiedad ; aucune restitution judiciaire, aucune décision d’État : une opération purement civile.
Cette précision, pourtant fondamentale, a disparu du récit officiel d’Alger. Le 8 octobre 2025, Abdelmadjid Tebboune a pourtant déclaré devant les militaires que « l’Espagne, pays ami, nous a remis un hôtel cinq étoiles qu’un individu avait acheté avec de l’argent détourné ». Il a affirmé que l’Algérie avait récupéré « environ 30 milliards de dollars » d’avoirs à l’étranger, érigeant El Palace en preuve de coopération internationale.
Rien n’est plus faux : l’Espagne n’a RIEN restitué, elle a simplement enregistré une dación en pago entre un détenu (Ali Haddad) et une institution publique (FNI).
Le contraste entre la version documentée de La Vanguardia et la version de Tebboune est flagrant, car le mensonge est double: d’abord sur la nature juridique de l’opération, ensuite sur son sens politique. Là où le quotidien espagnol décrit un accord civil signé entre un détenu et une institution financière publique, Tebboune le transforme en mythe de “restitution” et de “récupération” grâce à la coopération d’un pays « ami« . Cette falsification n’est pas un détail : elle alimente la propagande d’un régime sans légitimité, incapable du moindre résultat économique. Le pouvoir recycle des opérations privées en pseudo-victoires nationales, tandis que la corruption et le népotisme continuent de gangrener l’appareil d’État — jusqu’à Tebboune lui-même, cité dans le dossier Khalifa et les trafics de cigarettes.
Il faut ainsi noter que l’État algérien, par le biais du FNI, n’a pas récupéré de l’argent ni acquis un actif rentable, mais a simplement repris un bien lourdement hypothéqué. Autrement dit, l’opération présentée comme une “restitution historique” n’est en réalité qu’un transfert de dette habillé en victoire nationale.
UN MONTAGE FINANCIER DOUTEUX
Une question plus dérangeante et juridiquement critique émerge. En reprenant la dette hypothécaire de 26 millions d’euros, le FNI s’est substitué à Ali Haddad en qualité de débiteur principal vis-à-vis du Banco Santander. Autrement dit, des fonds publics — donc issus du budget de l’État — sont désormais engagés pour honorer une dette privée contractée par un individu condamné pour corruption.
De nombreuses zones d’ombre persistent : qui tire profit de cette novation de dette ? Quels intermédiaires financiers ou juridiques ont structuré et validé l’opération ? Sur quel fondement légal et diplomatique le FNI a-t-il accepté cette substitution ? Et surtout, qui, au sein de cette architecture institutionnelle, bénéficie in fine de cet endettement présenté comme “patriotique” ?
Derrière la façade d’une “restitution d’actif”, se dessine la mécanique d’un montage financier et de transfert de devises dissimulé : l’État algérien assume les engagements financiers d’un détenu pour assurer, via le FNI, le service régulier d’une créance bancaire étrangère. En substance, il ne s’agit pas d’une récupération de capitaux, mais d’une opération assimilable à une cession de dette camouflée — un flux sortant vers l’Espagne, présenté à tort comme un rapatriement de 30 milliards.



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