Le Maroc renouvelle son appel sincère à tourner la page du différend avec l’Algérie, dans une démarche porteuse de messages politiques clairs. Dans une interview accordée à la chaîne marocaine 2M, relayée par Al-Qods Al-Arabi, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a affirmé que le règlement des différends entre les deux pays « n’a jamais été aussi proche qu’aujourd’hui », à condition que « la volonté politique soit réellement au rendez-vous ».

Bourita a insisté sur un point central : aucune médiation n’est nécessaire entre Rabat et Alger. « Le Maroc et l’Algérie n’ont pas besoin d’intermédiaires. Nul ne connaît mieux l’Algérie que le Maroc, et nul ne connaît mieux le Maroc que l’Algérie. Nous pouvons résoudre nos différends directement », a-t-il déclaré, soulignant que le dialogue direct demeure la voie la plus efficace et la plus réaliste.

Ces déclarations interviennent peu après l’adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, d’une nouvelle résolution réaffirmant son soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara. Un contexte qui confère un poids particulier à l’initiative de Rabat.

Le ministre a précisé que les relations bilatérales, tout comme la question du Sahara, n’ont jamais été aussi proches d’un règlement définitif, tout en rappelant que cette perspective dépend avant tout d’un engagement politique mutuel.

Parallèlement, le roi Mohammed VI a lui-même tendu la main à son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, en appelant à un « dialogue fraternel et sincère » afin d’édifier des relations fondées sur la confiance et le bon voisinage. Un geste hautement symbolique, alors que les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis août 2021 et que la frontière terrestre demeure fermée depuis 1994.

Du côté algérien, c’est le silence absolu. Les autorités n’ont pour l’heure réagi ni à l’appel du souverain marocain, ni aux déclarations de Bourita. Ce mutisme s’expliquerait par la sensibilité extrême du dossier du Sahara, pierre angulaire du contentieux entre les deux États : Alger soutient le Front Polisario et la thèse de l’autodétermination, tandis que Rabat défend sa souveraineté sur le territoire et présente son initiative d’autonomie comme « la seule solution sérieuse, crédible et réaliste ».

En coulisses, une médiation américaine discrète serait à l’œuvre. Selon Al-Qods Al-Arabi, Massoud Boulos, conseiller de l’ancien président américain Donald Trump pour l’Afrique et le Moyen-Orient, aurait entrepris début octobre des démarches confidentielles entre Rabat et Alger, évoquant la possibilité d’une issue « dans un délai de soixante jours ». Une initiative qui ravive l’espoir d’un début de détente.

Lors du dernier vote au Conseil de sécurité, l’Algérie non membre du Conseil n’a pas pris part à la séance. Le texte, présenté par les États-Unis, a été adopté par onze voix sur quinze, tandis que la Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus. Une dynamique qui, selon Bourita, illustre un soutien international grandissant au plan marocain.

Reste une question essentielle : Alger saisira-t-elle cette occasion pour ouvrir une nouvelle page, ou choisira-t-elle encore la prudence et le silence ?
Entre la main tendue du roi, l’appel de Bourita à un dialogue sans intermédiaire et la médiation américaine en gestation, une fenêtre d’opportunité s’est clairement ouverte.
Désormais, tous les regards sont tournés vers Alger.

Texte rédigé par : Soltane Aziz