Reportage journalistique par Abderrahim Anqir
Dans les prochains jours, le président de la Sierra Leone devra faire face à une décision historique : protéger les filles de l’excision ou permettre à cette pratique de perdurer. En effet, la plus haute juridiction d’Afrique de l’Ouest a ordonné à la Sierra Leone d’interdire cette pratique. Le président semble lui-même favorable à cette orientation, mais le Parlement s’y oppose.
L’histoire de Kadijatu Alieu illustre la tragédie de ce fléau : ligotée et torturée, elle a vu des femmes lui mutiler les organes génitaux à l’aide d’une lame de rasoir, avant de rester seule, allongée dans une mare de sang pendant trois jours, jusqu’à ce qu’elle parvienne à s’enfuir.
Dans une démarche exceptionnelle, Kadijatu a porté son affaire devant la Cour suprême africaine, qui a statué que l’excision constitue une forme de torture et a exigé de la Sierra Leone qu’elle l’interdise immédiatement.
Le président Julius Maada Bio, considéré comme un défenseur des droits des femmes et convaincu que « l’avenir de la Sierra Leone est féminin », a appelé à respecter la culture tout en protégeant les filles et en garantissant leur sécurité. Mais il lui faut désormais se dresser fermement face à la résistance du Parlement.
Les militants sierra-léonais et les victimes réclament une interdiction rapide de l’excision et espèrent que le soutien de la communauté internationale encouragera le président à prendre cette décision historique, comme cela a été fait avec succès en Gambie.
Il est temps de se tenir aux côtés des filles qui vivent sous une menace constante et d’envoyer un message clair : non à l’excision, car chaque fille a droit à la vie et à la sécurité.