L’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient a mis en lumière un possible changement dans la position de l’Algérie concernant la question du Sahara, soulignant que les défis internes auxquels le pays fait face, ainsi que son désir de renforcer ses relations avec l’administration Trump, pourraient la pousser à réévaluer son soutien au Front Polisario et à s’engager dans un règlement négocié basé sur l’initiative marocaine d’autonomie.
Le rapport, intitulé « Engagement stratégique des États-Unis avec l’Algérie », indique que le soutien de l’Algérie au Front Polisario tout en prétendant rester neutre dans le conflit devient une position de plus en plus fragile, notamment face aux évolutions régionales et internationales et au rapprochement croissant entre Washington et Rabat.
Le document rappelle que l’Algérie, s’inspirant de sa propre lutte contre le colonialisme, a soutenu le mouvement représenté par le Front Polisario, qui revendique le droit à l’autodétermination pour ce qui est appelé la République arabe sahraouie démocratique. Cependant, ce soutien est désormais perçu par plusieurs partenaires comme un fardeau politique et diplomatique.
Le rapport souligne également que l’Algérie cherche à renforcer ses liens avec les États-Unis, ce que l’institut considère comme une opportunité stratégique pour Washington d’exercer son influence sur le dossier du Sahara, d’autant plus que le plan marocain d’autonomie bénéficie d’un soutien occidental sans précédent.
Les États-Unis encouragent les parties à reprendre les négociations, interrompues depuis 2019, en prenant pour cadre de référence l’initiative d’autonomie, avertissant que le refus de l’Algérie de participer sous prétexte de neutralité pourrait l’isoler et la positionner comme un obstacle à la résolution du conflit.
En outre, le rapport mentionne que les défis économiques et le désengagement politique de la jeunesse exercent une pression sur l’élite dirigeante algérienne, ce qui pourrait la conduire à revoir ses priorités de politique étrangère, surtout si le soutien au Polisario ne présente plus d’avantages stratégiques.
Si l’Algérie est convaincue, elle pourrait jouer un rôle clé pour persuader le Front Polisario d’accepter un modèle de négociation basé sur l’autonomie, en prenant pour point de départ le plan marocain, ouvrant ainsi une nouvelle fenêtre vers une solution politique réaliste et durable dans le cadre de la souveraineté marocaine.
Malgré les tensions avec Paris, notamment à cause des positions françaises sur le Sahara, le rapport estime qu’il est peu probable que l’Algérie mette en péril ses relations avec Washington, d’autant que les États-Unis continuent de soutenir la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Le rapport souligne par ailleurs que renforcer le sentiment de l’Algérie en tant que partenaire de valeur serait crucial, et que l’engagement dans un dialogue stratégique franc pourrait contribuer à adoucir sa position ferme dans ce conflit.
Enfin, le document rappelle que l’initiative marocaine d’autonomie reçoit un soutien croissant des capitales européennes et arabes, et que la position américaine à son égard n’a pas changé depuis la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, malgré des différences de style entre les différentes administrations.
Cette analyse intervient alors que le mouvement international en faveur d’une solution politique basée sur l’autonomie s’intensifie, tandis que les voix plaidant pour un référendum se font de plus en plus rares, plaçant ainsi l’Algérie et le Front Polisario devant le choix de rejoindre le processus de règlement ou de perdre leur soutien international résiduel.